Une Estonienne à Paris : La lumière et le froid

Une Estonienne à Paris mêle fascination pour la capitale et peur de la mort.

Jean-Claude Renard  • 20 décembre 2012 abonné·es

Le froid et la rigueur hivernale, en Estonie. Anne perd sa mère. À une vieille dame va en succéder une autre. Une femme d’origine estonienne, installée à Paris. Et Anne de glisser dans le radiocassette une chanson de Joe Dassin. De quoi réchauffer le cœur avant l’accueil glacial que lui réserve cette vieille émigrée dans un appartement bourgeois. Toujours apprêtée, maquillée, Frida n’a que faire de cette aide à domicile que lui envoie un ancien amant (beaucoup plus jeune qu’elle). Pas faciles, les relations, pas facile de communiquer.

Frida se veut revêche, perverse. Pour Anne, reste la fascination de Paris, ses chics vitrines illuminées dans le pourtour de l’Arc de triomphe. L’entente entre les deux femmes se fera autour d’un croissant. Une entente qui pourrait bien modifier l’existence d’Anne (Laine Mägi, au jeu très sobre) comme celle de Frida (Jeanne Moreau, en vieille peau acariâtre, interprète idéale de la méchanceté). Après avoir tourné pour la télévision, Ilmar Raag réalise là un premier long-métrage tout en finesse, subtil, au diapason d’une caméra qui effleure les corps, malgré l’âpreté des rapports entre les personnages. Des personnages qui partagent une même solitude, dans le vertige d’un tournant de l’existence, la vieillesse et/ou la mort à deux encablures, le charme de la séduction loin derrière, tandis que Paris joue son rôle de voyage initiatique. De ville lumière, sans tomber dans le travers de cartes postales.

Cinéma
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