L’austérité pour cible

Le Front de gauche repart en campagne. Contre la politique « sociale-libérale » du gouvernement, il entend populariser une autre logique économique autour de 25 propositions alternatives.

Michel Soudais  • 24 janvier 2013 abonné·es

Le Front de gauche ne déserte pas le terrain politique. Ses principaux dirigeants, Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent, Christian Picquet, Clémentine Autain et Myriam Martin, devaient sonner mercredi soir à Metz (Moselle) les trois coups d’une grande « campagne contre l’austérité », en tenant un premier meeting avec des sidérurgistes du site d’ArcelorMittal de Florange. Par cette campagne, prévue pour durer au moins jusqu’à l’été, le Front de gauche entend tout à la fois se démarquer de la politique du gouvernement, faire valoir ses propositions et mobiliser la population autour de celles-ci.

Bien que les 4 millions de voix qui s’étaient portées sur Jean-Luc Mélenchon aient contribué de manière décisive à la victoire de François Hollande, le fossé n’a cessé de se creuser depuis entre le PS et le Front de gauche, qui a refusé de participer au gouvernement. Ses parlementaires, principalement communistes, ont combattu le traité budgétaire européen et la loi de programmation budgétaire qui en découle, ils n’ont pas voté le budget 2013, ni celui de la Sécurité sociale, ce que le PS leur reproche en les accusant d’avoir voté avec la droite. Ils ont rejeté le pacte de compétitivité, et d’ores et déjà annoncé qu’ils refuseraient de transposer en l’état l’accord sur l’emploi conclu entre le patronat et trois syndicats minoritaires. Fin décembre, Harlem Désir a qualifié de « faute contre la gauche » la publication d’une vidéo dans laquelle le PCF égrène une liste des promesses non tenues par François Hollande. Loin de faire amende honorable, le PCF, que certains commentateurs décrivent comme plus accommodant avec le PS que le Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon, n’hésite plus à qualifier la politique du gouvernement de « sociale-libérale » et à se dire convaincu qu’elle « va à l’échec ».

Pas question pour autant d’attendre 2017 l’arme au pied. « Nous nous sommes clairement opposés à cette politique, mais nous avons des propositions alternatives qui correspondent à ce que veulent une majorité de ceux qui ont voulu le changement au printemps dernier », a déclaré le numéro un communiste, Pierre Laurent, le 15 janvier, lors d’une conférence de presse du Front de gauche, destinée à présenter « 25 premières mesures pour changer d’orientation ». Ces mesures que le Front de gauche entend populariser s’appuient « sur le refus de la soumission au traité européen et aux marchés financiers, et sur la volonté de promouvoir une autre répartition des richesses en faveur du salariat », mais également « un autre type de développement économique non productiviste ». Schématiquement, une dizaine d’entre elles expliquent comment le gouvernement pourrait trouver de nouvelles ressources : suppression des niches fiscales et sociales sans utilité sociale, économique et écologique, réforme de l’impôt sur le revenu avec instauration d’un revenu maximum, suppression des exonérations de cotisations sociales, réelle réforme bancaire, levée du secret sur la liste des bénéficiaires du « service de la dette », création d’un pôle financier public, etc. Les quinze suivantes envisagent la manière de dépenser ces ressources financières pour mieux « protéger les salariés et développer l’emploi »  : augmentation du Smic à 1 700 euros brut et des minimas sociaux, instauration d’un salaire maximum, retraite à 60 ans, limitation des CDD, blocage des loyers pendant deux ans, mise en place de « nationalisations démocratiques au service de l’intérêt général », mesures pour « l’expansion des services publics » et la transition énergétique…

L’objectif de cette campagne contre l’austérité, explique Pierre Laurent, est de « remettre en marche un mouvement populaire important pour des choix alternatifs ». Pour ce faire, le Front de gauche a prévu d’autres meetings, dont un le 13 février à Rouen, non loin de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne. Il envisage aussi de multiplier les réunions locales, notamment en redynamisant ses assemblées citoyennes ou en organisant des « marches », comme la semaine dernière en Seine-Saint-Denis. Avec l’espoir de trouver d’ici aux échéances électorales de 2014 le soutien d’une majorité autour de ces « 25 propositions alternatives ».

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