Peugeot, Renault, Goodyear, Sanofi : les salariés menacés tentent la « convergence »
Les salariés de toute la France étaient mobilisés mardi à Paris pour réclamer une loi contre les licenciements boursiers. Le cortège a réuni environ 500 personnes. Reportage.
Pris entre des négociations en cours et des piquets de grève parfois tendus, les salariés de Renault et Peugeot, rejoints ce mardi par des employés de dizaines d’entreprises de toute la France, n’ont pas déplacé les foules.
Pour les accueillir, boulevard de Varenne à Paris, et leur barrer l’accès au ministère du Travail, une dizaine de camions de gendarmerie mobile et deux rangées de barrières étaient alignées. Environ 500 salariés tenaient le sitting peu avant 15 h, lorsque les ouvriers de PSA Peugeot-Citroën ont dû s’engouffrer dans le métro pour retourner dans leur usine d’Aulnay-sous-Bois, où la tension est vive depuis deux jours.
Après 10 jours de grève, l’usine dont la fermeture prévue en 2014 doit entraîner la suppression de 3000 postes, a partiellement repris lundi la production sous la pression de la direction, qui a appelé en renfort d’une centaine de cadres d’autres usines. Quatre salariés ont été mis à pied et plusieurs militants ont reçu des convocations devant la police.
« La direction nous met la pression et nous traite comme des voyous , s’insurge Nasser Moussaoui, ouvrier à l’usine PSA Peugeot Citroën d’Aulnay-sous-Bois. Mais nous nous battons pour notre emploi. »
Peugeot : 11 214 postes supprimés d’ici à 2014
Les employés de Sanofi, Goodyear, Candia, Air France notamment, sont venus de toute la France, en car ou en train, pour se joindre à la tentative de « convergence des luttes ». « Nous demandons une loi qui permette d’empêcher les licenciements boursiers », résume Isabelle, une employée toulousaine de Sanofi. « C’est une promesse de François Hollande, ajoute un ouvrier amiénois de Goodyear *, nous avons tous voté pour lui. Nous lui demandons simplement aujourd’hui de tenir ses engagements. »*
Mardi matin, la cour d’appel de Paris a suspendu temporairement le plan de restructuration de PSA pour vice de forme. Elle a donné raison à la CGT de Faurecia, filiale à 57 % de PSA, qui estimait que l’entreprise n’avait pas satisfait à ses obligations d’information à l’égard des instances de représentation du personnel, notamment auprès de son comité d’entreprise européen. Le plan prévoit la suppression de 8 000 postes. Au total, 11 214 postes doivent être supprimés d’ici à 2014 par le premier constructeur français.
La situation reste également tendue chez Renault, où des débrayages sont prévus pour la troisième fois depuis que la direction a annoncé un gel des embauches qui doit aboutir à la suppression de 8 260 emplois d’ici à 2016. La direction tente de faire adopter un « accord de compétitivité » qui gèlerait les salaires en 2013 et refondrait les comptes épargne temps, promettant en « échange » qu’aucune usine ne serait fermée.
Malgré une mobilisation assez faible, ce mardi après-midi, les salariés présents veulent croire que l’union fera la force dans le bras de fer, qu’ils veulent politique et national, pour la préservation de leurs emplois. « Nous irons jusqu’au bout, assure Nasser Moussaoui. C’est notre dignité qui est en jeu, nous ne pouvons pas faire marche arrière. Nous sommes déjà perdants. »
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