Peugeot, Renault, Goodyear, Sanofi : les salariés menacés tentent la « convergence »

Les salariés de toute la France étaient mobilisés mardi à Paris pour réclamer une loi contre les licenciements boursiers. Le cortège a réuni environ 500 personnes. Reportage.

Erwan Manac'h  • 29 janvier 2013
Partager :
Peugeot, Renault, Goodyear, Sanofi : les salariés menacés tentent la « convergence »


Pris entre des négociations en cours et des piquets de grève parfois tendus, les salariés de Renault et Peugeot, rejoints ce mardi par des employés de dizaines d’entreprises de toute la France, n’ont pas déplacé les foules. 

Pour les accueillir, boulevard de Varenne à Paris, et leur barrer l’accès au ministère du Travail, une dizaine de camions de gendarmerie mobile et deux rangées de barrières étaient alignées. Environ 500 salariés tenaient le sitting peu avant 15 h, lorsque les ouvriers de PSA Peugeot-Citroën ont dû s’engouffrer dans le métro pour retourner dans leur usine d’Aulnay-sous-Bois, où la tension est vive depuis deux jours.  

Après 10 jours de grève, l’usine dont la fermeture prévue en 2014 doit entraîner la suppression de 3000 postes, a partiellement repris lundi la production sous la pression de la direction, qui a appelé en renfort d’une centaine de cadres d’autres usines. Quatre salariés ont été mis à pied et plusieurs militants ont reçu des convocations devant la police. 

« La direction nous met la pression et nous traite comme des voyous , s’insurge Nasser Moussaoui, ouvrier à l’usine PSA Peugeot Citroën d’Aulnay-sous-Bois. Mais nous nous battons pour notre emploi. »  

Peugeot : 11 214 postes supprimés d’ici à 2014

Les employés de Sanofi, Goodyear, Candia, Air France notamment, sont venus de toute la France, en car ou en train, pour se joindre à la tentative de « convergence des luttes ». « Nous demandons une loi qui permette d’empêcher les licenciements boursiers », résume Isabelle, une employée toulousaine de Sanofi. « C’est une promesse de François Hollande, ajoute un ouvrier amiénois de Goodyear *, nous avons tous voté pour lui. Nous lui demandons simplement aujourd’hui de tenir ses engagements. »*  

Mardi matin, la cour d’appel de Paris a suspendu temporairement le plan de restructuration de PSA pour vice de forme. Elle a donné raison à la CGT de Faurecia, filiale à 57 % de PSA, qui estimait que l’entreprise n’avait pas satisfait à ses obligations d’information à l’égard des instances de représentation du personnel, notamment auprès de son comité d’entreprise européen. Le plan prévoit la suppression de 8 000 postes. Au total, 11 214 postes doivent être supprimés d’ici à 2014 par le premier constructeur français.


Les gendarmes mobiles bloquent l'accès au ministère du Travail. - E. Manac'h

La situation reste également tendue chez Renault, où des débrayages sont prévus pour la troisième fois depuis que la direction a annoncé un gel des embauches qui doit aboutir à la suppression de 8 260 emplois d’ici à 2016. La direction tente de faire adopter un « accord de compétitivité » qui gèlerait les salaires en 2013 et refondrait les comptes épargne temps, promettant en « échange » qu’aucune usine ne serait fermée.

Malgré une mobilisation assez faible, ce mardi après-midi, les salariés présents veulent croire que l’union fera la force dans le bras de fer, qu’ils veulent politique et national, pour la préservation de leurs emplois. « Nous irons jusqu’au bout, assure Nasser Moussaoui. C’est notre dignité qui est en jeu, nous ne pouvons pas faire marche arrière. Nous sommes déjà perdants. »

Travail
Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« La question du partage du travail fait son retour »
Entretien 20 mars 2024

« La question du partage du travail fait son retour »

Le sondage réalisé par l’Ifop pour Politis révèle qu’une très large majorité de Français seraient favorables à l’instauration de la semaine de 4 jours, à 32 heures payées 35 heures, dans le public comme dans le privé. Décryptage par Chloé Tegny, chargée d’études sénior de l’institut.
Par Michel Soudais
Mort au travail : pour Jemaa, l’interminable recherche de justice
Travail 20 mars 2024 abonné·es

Mort au travail : pour Jemaa, l’interminable recherche de justice

Jemaa Saad Bakouche a perdu son compagnon, victime d’un accident sur un chantier en 2019. Malgré plusieurs manquements soulevés par l’inspection du travail et la justice, le chef d’homicide involontaire n’a pas été retenu par les juges. Elle a décidé de se pourvoir en cassation.
Par Pierre Jequier-Zalc
« La semaine de 4 jours est possible et pleine d’avantages pour tous »
Entretien 20 mars 2024 abonné·es

« La semaine de 4 jours est possible et pleine d’avantages pour tous »

Député européen (Nouvelle Donne), Pierre Larrouturou est engagé depuis plus de trente ans en faveur des 32 heures payées 35. Il explique ici les raisons de cette conviction et répond aux critiques récurrentes contre une telle mesure.
Par Olivier Doubre
La semaine de 32 heures en 4 jours, l’idée que plébiscitent les Français
Enquête 20 mars 2024 abonné·es

La semaine de 32 heures en 4 jours, l’idée que plébiscitent les Français

Derrière la semaine de quatre jours se cachent, en réalité, de nombreux paramètres. Si elle ne s’accompagne pas d’une réduction du temps de travail, tout indique qu’elle s’avérerait une fausse bonne idée.
Par Pierre Jequier-Zalc