Tu te rappelles ?

Sébastien Fontenelle  • 31 janvier 2013 abonné·es

Dis donc, Raymond ? Tu te rappelles comment t’étais au printemps dernier ? Non ? Tu te rappelles pas ? T’as déjà oublié ? Ben je vais te le dire, moi, Raymond, comment t’étais : t’étais chiant. C, h, i, a, n, t. Comme un pou – et encore : je me dis qu’en cherchant bien, on devrait pouvoir trouver des pediculi humani  [^2] beauuucoup moins casse-bonbons (et autres parties basses) que tu n’étais aux mois d’avril and mai de l’an passé, quand tu votas, remember, pour les « socialistes », et quand, lors même qu’avec d’autres dévoué(e) s potes nous te montrâmes (et te démontrâmes par a + b) que ces gens étaient plus que jamais rongés par l’hideux virus libéral de la félonie, et que tu t’exposais par conséquent à de gravissimes déconvenues (et aux lancinants maux de cul y afférents), tu t’inventas pour ce faire (et passer outre nos amicales mises en garde) toute une série de trois excuses également ahurissantes (au regard, notamment, et tu m’excuseras d’y insister un peu, de ce que tu savais depuis trois décennies des infect[e]s renégat[e]s de la rue de Solférino), et qui étaient, dans l’ordre, que si qu’on votait pas pour les « socialistes » on se faderait la bande à Kozy pour encore cinq abominables ans, puis que si qu’on votait pas pour les « socialistes » on se faderait la bande à Kozy pour encore cinq abominables ans, puis enfin que si qu’on votait pas, etc.

Ç’à quoi nous répondûmes [^3] qu’on – je citerai pas de noms [^4] – nous avait déjà maintes fois fait le coup, et que ça prenait plus du tout, et qu’il était absolument évident que loin de nous changer du kozysme, l’hollandisme finirait au contraire par nous le faire (presque) regretter, puisqu’à tout prendre il vaut mieux avoir au-dessus de soi un gars qui annonce franchement sa couleur –  ich bin de droite et ich t’emmerde –, plutôt qu’une espèce de mol « réformiste » qui du côté du jardin brandit vaguement un chiffon rosâtre en bubulant qu’il est de « gauche », cependant que du côté de la cour il fait avec sa clique (et contre les sans-papiers, par exemple, qui jamais n’ont été si fort virés que depuis huit mois, ou contre les Roms, qui n’ont jamais si fort enduré de vilenies) bien pis que n’eût osé avec la sienne son immédiat prédécesseur. Mais nous écoutas-tu ? Que nenni, Raymond : tu nous fis plutôt de sévères tanceries sur le thème ah-mais-oui-mais-vous-vous-faites-le-jeu-de-la-droite – de sorte que je me demande si tes subits trous de mémoire viendraient pas de ce que t’as maintenant l’air tout con.

[^2]: Je te rappelle, pour si t’aurais pas fait d’études supérieures comme Jacques Attali, que le nom savant du pou d’la tête est : pediculus humanus capitis. (Rien que de le dire, reconnais : tu devines que le truc est venu avec des intentions hostiles).

[^3]: Tu mettrais plutôt, me dis-tu : « Répondîmes ». Mais veux-tu bien considérer, s’il te plaît, que je suis ici chez moi, et que j’y fâtes exactement ce que je veûtes, de la manière qui me plûtes ? Non mais sans déconner, qu’est-ce que c’est que ces manières ?

[^4]: Non par une quelconque volonté de ménager les susceptibilités de qui donne ses votes aux « socialistes », hein ? Mais juste : j’ai pas assez de place. 3 000 signes, comme je dis souvent : c’est la zermi, Rémy.

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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