Plan d’urgence pour le 93

Le Collectif de parents et citoyens de Seine-Saint-Denis s’est réuni au Sénat pour réclamer des initiatives en faveur de l’éducation.

Ingrid Merckx  • 7 mars 2013 abonné·es

Sur les fauteuils rouges du Sénat, ce 27 février, ça discute rythmes scolaires en attendant le début de la conférence. En Seine-Saint-Denis, où la puissance publique investit 47 % de moins pour l’éducation d’un enfant qu’à Paris, le débat sur le (re)passage à la semaine de 4,5 jours est une goutte de plus dans un vase qui déborde en permanence. « En fin de scolarité, un enfant de Seine-Saint-Denis totalise un an de moins d’école du fait du manque d’enseignants », affirment les « Cahiers d’espérance », un document distribué à l’entrée par le Collectif des parents et citoyens de Seine-Saint-Denis, qui organise cet après-midi de travail. Des « parents indignés » qui rendent d’abord hommage à Stéphane Hessel, décédé dans la nuit.

La « maltraitance territoriale » que subit ce département, le plus jeune de France, est à l’origine du regroupement de parents et de citoyens de vingt-deux communes. Après des manifestations, des occupations d’établissements, de bureaux d’inspecteurs et l’organisation de visites médicales gratuites, ils ont décidé, le 17 octobre 2012, de se constituer en force de propositions et sont venus détailler leurs « dix engagements pour la réussite de tous ». Soit un « plan d’urgence » pour le 93. Le collectif demande des postes d’enseignants, d’auxiliaires de vie scolaire, de médecins, de psychologues et d’infirmières scolaires, la valorisation du métier d’enseignant, la scolarisation des 2-3 ans, la construction d’écoles et plus de concertation. « Avions-nous le choix ? », interroge l’un des parents, alors qu’un film diffuse des témoignages d’enfants déplacés en « classe d’accueil » et restés des semaines sans enseignants : « Je passe de CM1 à CE1, mais je suis déjà allée en CE1 ! » « Le remplaçant du remplaçant, c’est bon, il reste ! »

Une prof alerte : « Malgré l’annonce de 60 000 recrutements, on arrivera en 2017 au même niveau qu’en 2007, où l’on manquait déjà d’enseignants ! » 85 % des enseignants du 93 n’y résident pas, et la plupart sont issus des classes moyennes et supérieures, rappelle le sociologue Fabien Truong. Or, pas moins de 37 % des enfants du département vivent sous le seuil de pauvreté. « Quatre cents recrutements d’urgence », réclame-t-on dans la salle, profitant de la présence du président du conseil général, Stéphane Troussel, et de trois sénatrices : Aline Archimbaud, qui « reçoit », Marie-Christine Blandin, présidente de la commission Culture et Éducation du Sénat, et Françoise Cartron, vice-présidente. À 16 h 30, le collectif énonce trois «  propositions de loi citoyennes »  : un droit opposable à l’éducation, la transparence sur les chiffres (d’absences notamment), un lieu et un temps d’accueil pour les parents. « Les initiatives participatives pendant les crises sont des acquis démocratiques ! », souligne Marie-Christine Blandin. Dehors, un petit groupe réclame avec insistance un collège à Stéphane Troussel. « Dans les deux ans, ça n’est pas possible ! », se défend-il. Le 93 est le département le plus pauvre dans la région la plus riche de France.

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