Radio à l’écoute

Les stations de France Bleu enregistrent une forte audience. La prime à la proximité, mais pas seulement.

Jean-Claude Renard  • 25 avril 2013 abonné·es

C ommençons par les chiffres : suivant Médiamétrie, RTL, comme d’habitude, arrive en tête avec 11,9 % d’audience, talonnée par NRJ, à 11,8 %. France Inter est troisième, à 10 %. Au sein du groupe public, France Bleu bat ses records historiques avec 4,2 millions d’auditeurs au quotidien, 8 % d’audience cumulée. Soit 471 000 personnes glanées en un an. France Bleu, ce sont 43 antennes en France et une couverture de 75 % du territoire. Le succès probant, au-delà d’une augmentation régulière au fil des ans, s’explique par une stratégie bien établie : « L’ensemble du réseau possède un ADN commun, une ligne éditoriale visible, avec une programmation cohérente », estime Thierry Steiner, directeur de France Bleu Maine, avant-dernière née des stations, créée en juin 2010. Proposant notamment des thématiques populaires, « dans le bon sens du terme ». Ainsi, les 43 stations ont un émission, à 9 heures, sur la consommation, puis sur la cuisine, à 10 heures, représentative du réseau. Si toutes les stations ont leur programme, ce sont 43 émissions de cuisine différentes, chacune déclinant ses propres richesses. S’y ajoutent des journaux tous les quarts d’heure, le matin et toutes les demi-heures en fin d’après-midi . Telle est la force de France Bleu. Autre ingrédient du succès : France Bleu est une radio « dans laquelle les gens se reconnaissent, observe encore Thierry Steiner, parce qu’ils la voient. C’est une radio qu’ils viennent visiter, où ils se présentent à l’accueil, y déposent une annonce, viennent y chercher un cadeau. C’est une radio qui a un visage, que les auditeurs retrouvent sur les grands événements, une foire ou un festival ». Au Mans, par exemple, la station peut s’enorgueillir de proposer des expositions ou d’organiser dans son hall une dégustation de crêpes à la Chandeleur. Forcément, cela pousse à la convivialité, renforce les liens. À la proximité géographique évidente s’est ajoutée la proximité affective.

Pour Emmanuel Bordeau, animateur à France Bleu Maine, « on propose une réelle info de proximité, dont le public a besoin et qu’il ne trouve pas dans les radios nationales. Dans ce sens, le succès se lie à la crise morale, économique et politique actuelle. On bénéficie d’une certaine confiance de proximité contre une défiance générale ». Avec une mère Michu, comme on dit, très attentive. D’une station à l’autre, sonnerait un leitmotiv  : « Porter l’auditeur au cœur de toutes les préoccupations, juge Vincent Rodriguez, directeur de France Bleu Toulouse (dernière-née du réseau, en février 2011). Il s’agit d’être au contact et à l’écoute, tout le temps, pour saisir les besoins les plus prégnants et y répondre à travers la radio. D’autant qu’on a la même vie que nos auditeurs. » Qu’il s’agisse d’être coincé dans un embouteillage ou d’assister à un concert. Surtout, « les auditeurs attendent du pratique, qui va de l’info route à l’emploi, souligne Thierry Steiner. C’est une notion de service au plus concret, une notion d’information “concernante”, avec une lecture qui doit se saisir localement d’une info nationale ou internationale ». La règle, rappelle Vincent Rodriguez, c’est le « vu d’ici ». L’info, dans un quartier toulousain ou dans une usine chimique au Texas, à Waco, est traitée pareillement. « Dans le cadre de l’usine américaine, cela arrive douze ans après AZF. C’est exactement le “vu d’ici”. On parle de Waco, mais d’abord aux Toulousains. C’est une information qui peut se retrouver en haut dans notre hiérarchie. In fine, il n’y a jamais de rupture entre l’info des quartiers et l’info internationale. »

Autre élément du succès sur lequel insiste Thierry Steiner : « La radio n’est pas seulement un média qui raconte ce que les autres font. Elle peut aussi devenir acteur, à travers des manifestations, des concerts, des événements exceptionnels, comme ici les “24 Heures cuisine”, calées sur les 24 Heures du Mans, auxquelles participent tous les chefs de la Sarthe. » Des moments où animateurs et journalistes passent à l’acte. Longtemps, France Bleu a pu souffrir d’une image « vieillotte ». Si les partenaires, institutionnels ou associatifs, avaient tendance à la sous-estimer, avec ses 8 % d’audience (ce qui en fait la deuxième station de Radio France), elle sera perçue différemment. Désormais, côté impact, elle se suffit à elle-même. Et pourrait bien se passer de la complémentarité avec France Info pour donner du poids à un événement. Le prochain Tour de France en sera l’occasion.

Médias
Temps de lecture : 4 minutes