Tableau musical

Anne-Marie Lazarini met en scène le Ravel d’Echenoz.

Gilles Costaz  • 25 avril 2013 abonné·es

Quand on porte un récit au théâtre, on adapte ou on n’adapte pas. En général, on adapte. Anne-Marie Lazarini, s’emparant du Ravel d’Echenoz, a choisi de ne pas adapter. Une narratrice, un narrateur et un acteur jouant Ravel se partagent le texte entier, et tous trois parcourent en changeant de tempo ce livre aux facettes historique, esthétique et mentale. Un univers bleu de François Cabanat intègre quelques objets de référence et le piano sur lequel Andy Emler joue non pas du Ravel mais du Emler en référence à Ravel. Les acteurs suivent en zigzag la trajectoire du compositeur que l’écrivain a tracée de façon si sensible et originale. L’auteur du Boléro vit dans le rythme du jazz et de la fête, mais il est en fait si seul, si peu fêtard, si songeur, jusqu’au jour où la mort vient le frapper lentement, avec un accident de voiture, une trépanation et une patiente extinction.

Michel Ouimet est un Ravel élégant et mystérieux. Coco Felgeirolles et Marc Schapira sont des narrateurs insolites et possédés. Rarement le théâtre a été aussi respectueux de la littérature en usant des moyens de la scène et… de la peinture. Car on se promène dans ce spectacle très réussi comme dans un tableau enchanteur où l’œil additionne les images et les émotions.

Théâtre
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