École ou souricière ?

À Nîmes, des enfants de sans-papiers ont failli être arrêtés en classe.

Ingrid Merckx  • 23 mai 2013 abonné·es

Des enfants de sans-papiers traqués jusque dans leur classe. Des parents d’élèves, des professeurs et des proviseurs faisant barrage contre les forces de l’ordre… C’était sous le gouvernement Sarkozy. La gauche au pouvoir promettait la fin du cauchemar, et qu’il n’y aurait plus de familles en centre de rétention. Mais la sale histoire recommence : « Le 6   mai, Khava Plieva, réfugiée tchétchène déboutée de sa demande d’asile, était arrêtée et placée en rétention pour être expulsée vers la Pologne, en application des accords dits Dublin   2, relate un communiqué publié le 14 mai par un collectif d’associations, dont la Ligue des droits de l’homme, le Gisti, la Cimade, RESF, la FCPE et la FSU. Ses deux enfants étaient à l’école Gustave-Courbet, à Nîmes, l’un en maternelle, l’autre en primaire. La police téléphonait aux directeurs pour leur demander de retenir les enfants afin qu’ils soient arrêtés après la sortie des élèves, sans doute pour ne pas procéder à leur interpellation sous les yeux des autres enfants et des parents. Mais un voisin, dûment autorisé par la mère des enfants, s’est présenté et les a emmenés.  […] Arrivés avec deux voitures et un fourgon, les policiers ont dû constater leur absence. » Certes, le délit de solidarité a été paralysé en décembre 2012. Certes, la préfecture du Gard a reculé dans cette affaire, une mesure prise « dans l’intérêt supérieur des enfants » permettant finalement la libération de leur mère après 48 heures de rétention. Mais l’événement relance, outre de « mauvais souvenirs », une réelle inquiétude à propos du statut de l’école : zone protégée ou souricière ?

« Quand il était ministre de l’Intérieur, M. Sarkozy avait tenté de systématiser le procédé. L’indignation des enseignants et des parents d’élèves l’avait contraint à pratiquement y renoncer, tout comme ses successeurs, Hortefeux et Besson. Les dernières opérations de police connues aux abords d’une école, des faits isolés, datent du 1er décembre 2008 à Grenoble puis du 7 janvier 2011 à Langeac (43) »,* poursuit le communiqué. Fin mai   2012, déçu par la tendance du gouvernement Hollande en matière d’immigration, le Réseau éducation sans frontières a ouvert une « chronique de l’intolérable du quinquennat de François Hollande » : « Ce qui était inacceptable sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy le reste sous celui de son successeur. » Aujourd’hui, le collectif demande au ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, de condamner l’initiative de Nîmes afin d’éviter qu’elle ne se reproduise.

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