« L’Évasion », de Dominique Manotti : Du plomb dans la tête

Une intrigue dans le milieu des réfugiés politiques italiens à Paris.

Olivier Doubre  • 16 mai 2013 abonné·es

Un petit délinquant romain, Filippo Zuliani, s’évade en 1987 d’une prison italienne. Presque par hasard, avec son compagnon de cellule, Carlo, ancien des Brigades rouges, qui ne l’avait pourtant pas convié à se faire la belle avec lui. Rapidement, Carlo, qui a fasciné le garçon des nuits durant par ses récits des luttes des années 1970, lui ordonne de le laisser – et, « si les choses tournent mal », de fuir en France chez sa fiancée réfugiée à Paris. Arrivé dans le quartier de Belleville, Filippo se retrouve parmi les anciens des années de plomb, sans rien comprendre de leurs querelles entre tendances de l’extrême gauche transalpine en exil. Veilleur de nuit d’une tour à La Défense, il se met alors à écrire son histoire et celle de Carlo, et devient vite un auteur de polars à succès. Découverte des milieux littéraires parisiens, demandes d’extradition de la part de l’Italie et mémoire de la violence politique des années 1970 sont l’arrière-plan d’un jeu à plusieurs bandes entre réfugiés, police et services secrets italiens.

C’est là le point de départ de l’intrigue de ce roman policier de Dominique Manotti, remarquable par sa connaissance de la complexité de l’histoire et de la société italiennes des années 1970 et 1980, et du milieu des réfugiés à Paris. Avec une écriture enjouée et agréable qui sonne très juste, l’auteure, historienne de formation et longtemps militante, plonge le lecteur dans un drame où certains devineront peut-être la silhouette d’un Cesare Battisti, entre la « doctrine Mitterrand » et les fameux « mystères » de la vie politique italienne. Une belle réussite.

Littérature
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