Débats musclés aux Assises citoyennes

Les forces réunies ont ébauché une alternative à la politique libérale du gouvernement.

Maxence Kagni  • 20 juin 2013 abonné·es

D’une phrase, Jean-Luc Mélenchon a résumé l’événement des Assises citoyennes : « Les anciens clivages meurent avec le système agonisant. » Organisées dimanche à la Halle Dufriche de Montreuil, elles ont attiré quelque 2 500 personnes. Une foule militante, désireuse d’explorer les voies d’un changement de cap en France et en Europe, à l’opposé de la politique libérale conduite par le gouvernement Ayrault. Fait nouveau, des personnalités de la gauche du PS et d’Europe Écologie-Les Verts, comme Marie-Noëlle Lienemann et Pascal Durand, avaient accepté l’invitation du Front de gauche, de même que le NPA et certaines personnalités associatives et syndicales, telle Annick Coupé (Solidaires), contribuant à des échanges de haute tenue, cordiaux quoique parfois musclés.

L’entente s’est faite sur quelques mots d’ordre communs – refus de l’austérité, lutte contre l’instauration du grand marché transatlantique, dénonciation de la future réforme des retraites – avec l’objectif avoué de renouer avec l’esprit de la campagne d’opposition au traité constitutionnel européen de 2005. Mais, pour envisager la création d’une majorité alternative viable, qui irait au-delà d’une alliance de circonstance à propos de sujets précis, quelques débats devront encore être tranchés. Le point le plus problématique semble être celui-ci de la stratégie à adopter vis-à-vis du gouvernement. Clémentine Autain (Fase), très applaudie, a vivement critiqué le pouvoir exécutif, estimant que ses objectifs divergent désormais de ceux de la gauche : « Auparavant, nous demandions à nos camarades socialistes d’aller plus vite, nous leur disions que ce qu’ils faisaient n’était pas suffisant. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas, nous demandons un changement radical de cap. » Pascal Durand (EELV), Marie-Noëlle Lienemann ou Jérôme Guedj (PS) ont défendu au contraire leur capacité à provoquer un changement de politique tout en restant dans la majorité. Leurs interventions en séance plénière ont été émaillées de quelques sifflets. « L’union est un combat », a souhaité relativiser Marie-Noëlle Lienemann, qui reste « convaincue qu’il faut que ce rapprochement se fasse ». À l’issue de la journée, Pierre Laurent s’est dit ravi : « C’est le début de quelque chose », a assuré le secrétaire national du Parti communiste. « Avec ces débats se créent un mouvement collectif, une dynamique. C’est la preuve que des forces existent pour sortir le pays de l’austérité et pour construire une véritable politique de gauche. » La cohérence de ces forces pourrait être testée dès la fin de la semaine, alors que débute ce jeudi la conférence sociale.

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