Le printemps brésilien

Patrick Piro  • 21 juin 2013 abonné·es

Les manifestations qui agitent le Brésil depuis une dizaine de jours ont pris une nouvelle dimension. Hier, plus d’un million de personnes sont descendues dans la rue pour des manifestations de raz-le-bol comme le pays n’en avait pas vu depuis la vague populaire qui avait éjecté le président corrompu Collor au début des années 1990. À Rio, où le mouvement semble le plus déterminé, une foule monstre de 300 000 personnes s’est répandue dans les rues, et l’on a relevé plusieurs dizaines de blessés suite à la réaction violente de la police. À Ribeirão Preto, une voiture a foncé dans la foule et tué un manifestant.

C’est bien un « printemps brésilien » qui saisit le pays-continent. Alors que les revendications initiales ciblaient le tarif des transports, l’abandon des hausses dans plusieurs grandes municipalités n’a en rien calmé le mouvement, qui s’en prend désormais à la corruption, au délabrement des services publics ainsi qu’aux sommes considérables (11 milliards de d’euros) englouties par le Brésil pour accueillir les grands événements internationaux de football — la Coupe des confédérations qui s’y déroule actuellement, et surtout le Mundial l’an prochain. Dans ce pays dévot du ballon rond, voilà qui donne une mesure de l’ampleur du raz-le-bol.

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