Vincent Peillon face aux revendications salariales des enseignants

Pour répondre à la grogne des syndicats, qui s’inquiètent de la baisse du pouvoir d’achat, le ministre de l’Éducation nationale a accordé, mercredi soir, une prime aux professeurs des écoles.

Maxence Kagni  • 26 juin 2013
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Vincent Peillon face aux revendications salariales des enseignants
© Photo : JOEL SAGET / AFP

Tout le monde s’en doutait, l’OCDE le confirme : « Les enseignants français du primaire et du secondaire ont des salaires statutaires (sans les primes ni les allocations, ndlr) nettement inférieurs à la moyenne de[s autres] pays de l’OCDE. »

C’est ce qu’explique l’Organisation de coopération et de développement économiques dans un rapport sur l’éducation (disponible [en version intégrale anglaise](http://www.oecd.org/edu/eag2013 (eng)–FINAL 20 June 2013.pdf), ou [résumé français](http://www.oecd.org/edu/France_EAG2013 Country Note (FR).pdf)) publié le 25 juin. Pour pallier ce déséquilibre, les syndicats ont réclamé une revalorisation : *« Il n’est plus possible aujourd’hui d’ignorer cette situation de déclassement salarial »* , explique le secrétaire général du SNUipp-FSU, Sébastien Sihr.

400 euros d’indemnité aux professeurs des écoles

En effet, les salaires des enseignants débutants français sont inférieurs à ceux de leurs collègues de l’OCDE d’environ 11 % dans le primaire, de 5 % au collège et de 8 % au lycée. « Il est indigne de payer 1 660 euros net des personnes recrutées à bac + 5 » , souligne Sébastien Sihr. En outre, les enseignants ont vu leur pouvoir d’achat baisser d’environ 10 % en « prix constant » entre 2000 et 2011, ce qui signifie que la hausse des prix a été plus rapide que celle de leurs rémunérations. « Nous estimons que cette baisse a été de 13 % en dix ans ! » , précise le syndicaliste.

Toujours selon l’OCDE, ceux qui enseignent au collège touchent un salaire de 9 % supérieur à celui des professeurs des écoles. Le SNUipp-FSU demande donc au ministère de l’Éducation nationale la mise en place d’une indemnité de 1 200 euros par an pour ces derniers. Dans le secondaire, les enseignants bénéficient déjà d’une telle somme, versée annuellement au titre de l’indemnité de suivi et d’orientation des élèves. « Nous sommes guidés par le principe d’égalité des rémunérations » , ajoute le secrétaire général du SNUipp-FSU.

Vincent Peillon a annoncé ce mercredi 26 juin le versement prochain d’une indemnité de 400 euros par an aux professeurs des écoles. Cela représente un tiers de la somme souhaitée par le syndicat. Sébastien Sihr estime que cette annonce est malgré tout positive, même si elle ne doit constituer qu’une « étape ».

Crise des vocations

La question de la rémunération préoccupe les enseignants. Plus de 80 % des personnels d’éducation (enseignants et administratifs) estiment que celle-ci « n’est pas à la hauteur » de leur qualification, selon une enquête menée par le syndicat Unsa-Education. 59 % des 16 333 personnes interrogées estiment même que leur pouvoir d’achat est une priorité.

Même analyse du côté du Snes-FSU. Xavier Marand, secrétaire national de ce syndicat d’enseignants du second degré, se montre très critique envers le ministre de l’Éducation : « La politique salariale de Vincent Peillon ne va pas dans le bon sens. Il ajoute par exemple une année de formation pour les futurs professeurs. C’est une bonne chose mais, d’un autre côté, il baisse la rémunération des enseignants stagiaires : en 2014, elle passera de 2 000 euros brut à 1 600 euros brut. »

Vincent Peillon est dans une situation délicate. L’Éducation nationale connaît une crise d’attractivité, comme l’indique un rapport de la Cour des comptes : « En 2011 et 2012, plus de 20 % des postes proposés au concours du Capes externe n’ont pas pu être pourvus dans six disciplines, dont l’anglais et les mathématiques. »

Selon le syndicat SNUipp-FSU, les salaires sont une des causes majeures de ce manque d’attrait. « La rémunération est un des leviers qui peuvent permettre de relancer l’intérêt des jeunes pour ce métier » , plaide Sébastien Sihr. Cela est d’autant plus important que le salaire des fonctionnaires, et donc des professeurs, est gelé depuis maintenant quatre ans.

Société
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