Éclats de candeur

Francine Walter offre une Mademoiselle Else toute en délicieux fragments.

Anaïs Heluin  • 29 août 2013 abonné·es

Mademoiselle Else  (1924), selon Francine Walter, c’est une blonde jeunesse au regard moqueur et au verbe acéré, joueuse des charmes qu’elle se découvre. Tantôt presque anonyme, tantôt aussi personnifiée que l’héroïne de la nouvelle d’Arthur Schnitzler, avec ses problèmes de fille d’avocat ruiné par sa passion du jeu, cette fleur de l’âge a une figure mosaïque. Trois comédiennes l’incarnent et donnent au texte d’origine une belle dimension allégorique et théâtrale. Sophie Bricaire, Pauline Gardes et Pauline Vaubaillon sont Else. Mais elles sont aussi la fantaisie de cette jeune fille de 19 ans, sa faculté à se rendre étrangère à elle-même pour mieux tourner en ridicule la bonne société qu’elle côtoie lors de son séjour à l’hôtel auprès de sa riche tante. Elles sont la candeur qui regarde le monde et le monde vu par la candeur. Les apparences – surtout lorsqu’elles ont la peau bien lisse – cachent un méli-mélo de folies et d’intelligence, suggère Francine Walter.

Mais on ne peut faire la différence entre le paraître et ce qu’il dissimule, semblent vouloir dire le cadre vide et la porte plantée au milieu du plateau, éléments centraux du décor minimaliste de Ludovic Hallard. Aussi, lorsque Else se voit forcée de demander de l’argent à un certain M. von Dorsay pour étouffer un détournement d’argent commis par son père, les contours du personnage central finissent de se dissoudre. Son innocence, surtout, s’envole en un jouissif tourbillon de dialogues.

Théâtre
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