Rythmes scolaires : de grandes disparités

Tours (37), Crolles (38) et Bondy (93) ont choisi des modèles différents pour répartir le temps périscolaire supplémentaire.

Lena Bjurström  • 29 août 2013 abonné·es

Quatre mille communes mettent en place la réforme des rythmes scolaires à la rentrée 2013. Pour organiser leur nouvel emploi du temps en neuf demi-journées de classe (24 heures par semaine), la majorité a opté pour un retour au mercredi matin travaillé. Elles doivent ensuite répartir 3 heures d’activités périscolaires sur la semaine, à leur charge. François Hollande a débloqué un fonds pour les villes appliquant la réforme dès 2013 – 103 euros par élève (50 euros de l’État et 53 euros des CAF), et 143 euros en zone d’éducation prioritaire (90 euros de l’État et 53 euros des CAF). En 2014, ce fonds tombe, sauf 40 euros par élève de commune en difficulté. Les modèles varient d’une ville à l’autre et font apparaître de grandes disparités.

Tours : saucissonnage

À Tours, le passage à la semaine de 4 jours et demi n’a pas vraiment d’impact sur l’organisation du périscolaire car la municipalité a choisi de réduire les journées par quarts d’heure. Les élèves commenceront donc à 8 h 45 et non plus à 8 h 30, déjeuneront à 11 h 45 au lieu de 12 h et ne finiront pas à 16 h 30 mais à 16 h 15. La mairie compte surtout renforcer son offre périscolaire à la pause méridienne. Les activités restent payantes, indexées sur le quotient familial. Au printemps, des établissements et des parents se sont regroupés en coordination pour protester. Au-delà du coût supplémentaire pour les familles qui ne faisaient pas appel au périscolaire mais devront peut-être s’y résoudre pour s’adapter aux nouveaux horaires, c’est le rythme de l’enfant qui inquiète. La coordination déplore que la matinée, meilleur temps de concentration pour l’enfant, soit réduite. À l’inverse, l’après-midi pourrait être allégé afin que les activités périscolaires bénéficient d’1 h 15. Jean Chausson, directeur de l’association Courteline, en charge du périscolaire, est « circonspect »  : « Trois quarts d’heure découpés, on peut se demander quel effet positif cela aura sur l’enfant. » Si la réforme ne change pas son offre d’activités, il s’interroge sur ses effectifs : le nombre d’enfants accueillis le mercredi après-midi pourrait doubler, voire tripler…

Crolles : activités payantes

Crolles a décidé d’alléger les après-midi de trois quarts d’heure, qui seront consacrés à des activités périscolaires. De même que le goûter, l’étude et le centre de loisirs, ces nouveaux temps sont gérés par la municipalité. Comme le périscolaire classique, ils sont payants. Quant aux taux d’encadrement imposés (1 adulte pour 10 enfants de moins de 6 ans, 1 adulte pour 14 enfants de plus de 6 ans), la ville ne serait pas concernée. «   Cette décision ne concerne que les communes qui ont déclaré leurs services périscolaires en accueil de loisirs auprès de la Direction départementale de cohésion sociale. Les taux d’encadrement ne sont donc pas imposés mais adaptés à l’activité proposée », explique le site de la mairie. Deux types d’activités sont prévus : le TAP (temps d’activités périscolaires) « Découverte », où les élèves poursuivront une même activité, culturelle ou sportive pendant un cycle de sept à huit semaines, nécessitant une présence régulière ; et le TAP « Loisirs », qui proposera des activités ponctuelles, comme des jeux, pour des enfants moins souvent présents.

Bondy : une offre développée

À Bondy (93), les élèves finiront à 15 h 45 et enchaîneront – pour les inscrits – avec une heure de TAP. Mais ils sortiront à 16 h 45 et non plus à 16 h 30. «   Nous avons fait le choix d’ajouter 15 minutes car trois quarts d’heure cela faisait trop court pour développer une activité   », explique Patrick Sollier, adjoint chargé de la politique éducative. C’est la mairie qui organise le périscolaire et recrute animateurs (diplômés du Bafa) et enseignants. Sur environ 340 encadrants de TAP, 70 sont des professeurs des écoles, déjà engagés sur des temps de cantine ou de garderie, rémunérés 23 euros brut de l’heure. Le salaire des animateurs de périscolaire reste le même que celui des encadrants de cantine, soit 17,72 euros brut. Des intervenants extérieurs sont engagés, au même salaire que les enseignants pour des activités spécifiques. «   Nous organisons les temps de la semaine avec trois jours d’activités généralistes – cuisine, contes ou jardinage – qui sont encadrées par les enseignants et animateur s, explique Patrick Sollier. Le quatrième jour est consacré à une activité spécifique, comme le théâtre ou la science, qui se poursuit sur un cycle de sept semaines à un trimestre, et pour lequel nous recrutons des intervenants spécialisés par le biais d’associations.   » Si les aides de l’État s’élèvent à 900 000 euros pour cette commune, la mairie devra prendre en charge 500 000 euros. Mettre en place la réforme en 2013 était un «   choix politique » de la maire Sylvie Thomassin (PS) et de son équipe. « C’est une année d’expérimentation, estime Patrick Sollier. Nous savons que tout ne sera pas parfait. C’est pourquoi nous avons mis en place des comités de suivi par école. »

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Rythmes scolaires : Le grand bricolage
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