Bretagne: Les syndicats reprennent l’initiative

Michel Soudais  • 13 novembre 2013 abonné·es

Sept organisations syndicales régionales de Bretagne appellent les salariés à « une journée de mobilisation régionale le samedi 23 novembre dans chaque département breton » . Dans un communiqué commun rendu public mercredi soir à l’issue d’une réunion intersyndicale à Rennes, la CFDT, la CGT, Solidaires, la CFTC, l’Unsa, la CFE-CGC et la FSU signifient leur intention de « prendre leurs responsabilités dans l’intérêt des salariés par la démarche unitaire d’une action syndicale forte de propositions constructives pour l’avenir des salariés et de l’emploi en Bretagne » .

Illustration - Bretagne: Les syndicats reprennent l'initiative - Manifestation de salariés de PSA à Rennes, le 15 septembre 2012. (DAMIEN MEYER / AFP)

Cet appel intersyndical , où ne manque que la signature de FO, met fin à plusieurs semaines d’atermoiements qui avaient permis au collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne », initiateur du fameux mouvement des bonnets rouges, de tenir le haut du pavé et d’avancer toute une série de propositions d’orientation très libérale.

Lire > Bonnets rouges : Une mobilisation ambiguë

Les sept organisations signataires s’élèvent contre les « manœuvres de récupération » de la « détresse » des « salariés victimes des licenciements » . Elles « dénoncent les discours et postures réactionnaires et affirment leur refus de la violence et du vandalisme, de la destruction des biens publics à ce jour impunie » .

Critiques sur « le pacte d’avenir » proposé par le gouvernement , qu’elles jugent « insuffisant »« Une réponse conjoncturelle ne peut suffire à une crise structurelle » –, elles « appellent à une expression claire des salariés » et déclarent qu’elles « agiront pour faire entendre leurs voix dans les groupes de travail, dans la construction du plan breton, sur les lieux de travail » .

Déclaration commune de sept organisations syndicales régionales.

**Pour l’avenir de la Bretagne,

Mobilisons-nous pour un Pacte social !**

*Depuis des années, les organisations syndicales se mobilisent et travaillent à une
prise de conscience collective des causes de la crise systémique, financière,
économique, sociale et environnementale, aggravée par les politiques d’austérité.
Aujourd’hui, l’ampleur des drames sociaux, leur concentration sur les filières
fondamentales menacent l’équilibre et l’avenir de nos territoires. À la hauteur de
ces enjeux, les organisations syndicales de Bretagne, CFDT, CGT, Solidaires, CFTC, Unsa, CFE-CGC, FSU, entendent prendre leurs responsabilités dans l’intérêt des salariés par la démarche unitaire d’une action syndicale forte de propositions constructives pour l’avenir des salariés et de l’emploi en Bretagne. Représentant les salariés, elles s’engagent dans le dialogue social tant dans les entreprises, les services, que dans les institutions et face au gouvernement pour exiger la prise en compte de nos revendications.

Le pacte d’avenir est insuffisant !

Aux propositions économiques qu’il contient, il faut ajouter un volet social
conséquent qui prenne en compte l’urgence des situations. Ce pacte doit dessiner un avenir pour l’ensemble des filières et des territoires, ce qui passe également par un engagement fort des pouvoirs publics et des entreprises vis-à-vis des salariés.

Une réponse conjoncturelle ne peut suffire à une crise structurelle.

L’effort collectif qui permettra le soutien au territoire breton ne saurait être
engagé sans garanties formelles et transparentes des entreprises, quant à
l’utilisation de ces moyens, en termes d’anticipation, d’innovation et de politique
sociale. Il faut en finir avec ces méthodes de gestion de trop d’entreprises
irresponsables et arrogantes, détournant et gaspillant subventions et force de
travail, détruisant impunément le bien public, méprisant la santé des salariés sans
aucune volonté de préparer l’avenir.

Il en découle pour l’État la mission impérative de s’assurer que les employeurs
mettent en œuvre leurs obligations et que les droits des salariés soient
effectivement respectés.

Le contexte nécessite de nouveaux modèles articulant les exigences économiques,
sociales et environnementales, pour sortir d’une crise dont les salariés ne sont pas
responsables.

Les mesures de soutien pour maintenir l’emploi s’imposent. Il faut combattre les
suppressions d’emplois et la destruction d’un tissu industriel des territoires dont
nous pensons qu’ils peuvent rebondir.

Les mutations industrielles, quand il est démontré qu’elles sont inévitables,
doivent être anticipées pour permettre aux salariés de se réorienter et se former
dans un parcours sécurisé et ainsi éviter les suppressions d’emplois. La mobilité des salariés doit être accompagnée par des droits importants et pérennes.

À la lumière de la crise actuelle, un effort considérable de formation et de
qualification s’impose. C’est de la responsabilité particulière des employeurs.
Les salariés constituent la première richesse de notre territoire.

Des mesures d’accompagnement dépassant le cadre administratif actuel pour les
salariés touchés par les suppressions d’emplois ont été obtenues pour certaines
situations. Elles doivent être améliorées et étendues à l’ensemble des salariés,
notamment des TPE et PME souvent oubliés, et bien au-delà de la seule filière
agroalimentaire.

Nos organisations sont pleinement solidaires des salariés actuellement victimes des licenciements et partagent leur colère, l’angoisse de leur famille et de leur
entourage. Pour autant, face aux manœuvres de récupération de cette détresse, nos organisations dénoncent les discours et postures réactionnaires et affirment leur refus de la violence et du vandalisme, de la destruction de biens publics à ce jour impunie.

Elles appellent à une expression claire des salariés et agiront pour faire entendre
leurs voix dans les groupes de travail, dans la construction du plan breton, sur les
lieux de travail.

C’est pourquoi nous appelons à la mobilisation pour porter haut et fort nos revendications:
– En permettant l’émergence de mobilisations dans les territoires pour
favoriser les solidarités autour des entreprises en difficulté,
– En appelant les salariés à se mobiliser sur les lieux de travail,
– En appelant à une mobilisation régionale le 23 novembre dans chaque
département breton.

Signataires: CFDT, CGT, Solidaires, CFTC, Unsa, CFE-CGC, FSU*

Plusieurs organisations de salariés auraient souhaité converger dans une seule manifestation interrégionale à Rennes, où une manifestation des salariés de l’automobile et de l’industrie était déjà programmée ce 23 novembre. Mais les organisations les plus proches du PS craignaient qu’un tel rassemblement ne prenne une tournure par trop hostile à la politique d’austérité du gouvernement. La mobilisation régionale dans chaque département, à une même date, permettra tout de même de montrer une autre image de la Bretagne et faire valoir d’autres revendications que celles des bonnets rouges qui, après Quimper, ont annoncé un nouveau rassemblement le 30 novembre.

Société Travail
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