La droite

L’extrême droite plurielle est, dans la vraie vie, disposée à basculer dans la délinquance.

Sébastien Fontenelle  • 21 novembre 2013 abonné·es

L’on peut des fois éprouver de la difficulté (dans une époque où des ânes de médias braient quotidiennement qu’il serait plus que temps que nous transcendions pour de bon « le clivage gauche-droite » – comme ont si bien su faire dans la plupart des matières les « socialistes » – pour être enfin tou[te]s libéraux) à bien mesurer ce qu’est, justement, la droite – la vraie, la première (à ne pas confondre avec la deuxième, dont le siège est rue de Solférino, 75007, Paris, et qui n’a que trente années d’ancienneté).

Mais, ces temps-ci, des informations éparses peuvent nous aider à mieux à la cerner. Si, par exemple, nous nous penchons de près sur le récent sondage (largement diffusé par la presse dominante, que cette incivilité-là ne choque pas du tout, bien au contraire) dont les résultats nous indiquent qu’ « un Français sur quatre » est « tenté de frauder le fisc », nous découvrons (sans forcément éprouver beaucoup plus d’étonnement que si l’on nous apprenait que l’eau a tendance à mouiller) que, « dans le détail, la proportion de personnes interrogées se disant tentées par la fraude monte à 31 % chez les sympathisants de droite, et 41 % chez les sympathisants du Front national », cependant qu’ « à l’inverse, le pourcentage de personnes interrogées qui rejettent l’idée de frauder, qui est de 73 % toutes catégories confondues, monte à 74 % dans les “catégories populaires” et 84 % pour les sympathisants de gauche ».

Adoncques : l’extrême droite plurielle (comme dit l’ami Tevanian), dont les représentant(e)s ne cessent de hurler (dans un chœur où peut éventuellement les rejoindre telle ou telle éminence françoishollandaise) d’obsessionnelles imprécations sécuritaires, est, dans la vraie vie, tout à fait disposée à basculer dans la délinquance, dès lors que c’est pour mieux s’arrondir la fin de mois – et cela fait, quand on y réfléchit, une morale dont le fond ne diffère qu’assez peu de celle de Toto le braqueur, fléau des coffres-forts.

Et si, d’autre part, nous nous penchons, dans un registre un peu différent, sur les différentes réactions qui ont suivi, ce lundi matin (18 novembre), l’irruption dans les locaux du quotidien Libération d’un taré armé qui a ouvert le feu sur un photographe, nous voyons émerger, parmi d’autres, celle, sur Twitter, d’un certain Julien Nicolaï, qui se présente lui-même comme un « responsable UMP de la ville de Chaville » (rime riche), membre de la « #TeamFillon2017 » – du nom du gars, tu sais, qui trouve qu’il y a dans l’offre politique françousque des gens outrancièrement « sectaires ». Et le commentaire tweeté de ce Nicolaï, dont la postérité retiendra peut-être la gigantesque dignité, est : « Coups de feu dans les locaux de Libération. Les Français sont-ils exaspérés par la manipulation médiatique ? #JeDemande #MédiasPartisans. »

Non contente d’être tentée par la délinquance financière, la droite peut donc aussi, dans quelques-uns de ses recoins, se montrer compréhensive quand un tordu va pour perpétrer une tuerie : par les temps qui courent, il serait imprudent de l’oublier.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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