Cinq syndicalistes CGT de Roanne : l’acharnement judiciaire continue

Michel Soudais  • 2 janvier 2014 abonné·es

Intraitable, le parquet général de Lyon a finalement fait appel de la relaxe des cinq militants CGT poursuivis en correctionnelle pour avoir refusé un prélèvement ADN. Le 17 décembre, contre l’avis du parquet qui avait requis un mois de prison avec sursis, le tribunal correctionnel de Roanne avait relaxé les cinq prévenus, quatre hommes et une femme, fonctionnaires de la Défense et agents hospitaliers, estimant que ce prélèvement n’avait pas lieu d’être.

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Après cette relaxe, les syndicalistes pensaient en avoir fini avec la justice, après trois ans de procédures pour de simples tags en marge d’une manifestation contre la réforme des retraites Sarkozy-Fillon. Selon France Bleu Saint-Étienne Loire, le Procureur de la République de Roanne avait annoncé qu’il ne ferait pas appel suite à la décision de relaxe. Mais au dernier moment, mardi 31 décembre, c’est le parquet général de Lyon qui a donc décidé de faire appel.

Illustration - Cinq syndicalistes CGT de Roanne : l’acharnement judiciaire continue - Les cinq syndicalistes CGT de Roanne autour de Thierry Le Paon, le 5 novembre 2013, lors d'un rassemblement de soutien. Photo: JEFF PACHOUD / AFP

Cette décision du parquet , qui n’a été connue qu’aujourd’hui, a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans les milieux syndicaux. Non seulement elle annonce un nouveau procès et réactive la menace pour « les cinq de Roanne » de perdre leur emploi en cas de condamnation. Mais elle traduit également l’obstination du parquet à inscrire dans le fichier national des empreintes génétiques (FNAEG) les militants syndicaux poursuivis, même quand les poursuites qui les visent ne sont sanctionnées par aucune peine.

Devenus, malgré eux, un symbole de la criminalisation de l’action syndicale et de la nécessité d’une amnistie des syndicalistes condamnés, les cinq de Roanne avaient reçu le soutien de plusieurs dizaines de milliers de personnes, le 5 novembre, lors de leur passage devant le tribunal correctionnel. Parmi eux, Pierre Laurent a été le premier à réagir pour dénoncer, dans un communiqué, l’ « acharnement inadmissible » et le « cynisme » du procureur de Lyon, tout en suspectant à mots couverts d’autres responsables. Pour le secrétaire national du PCF, « la mobilisation doit reprendre sans tarder pour obtenir leur relaxe totale et définitive, et exiger le vote d’une loi supprimant le fichage pour activités syndicales et amnistiant les syndicalistes déjà condamnés » .

Société Travail
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