Et puis un jour ça pète…

L’exaspération des usagers peut aboutir à des violences. Exemple à Cognac.

Ingrid Merckx  • 16 janvier 2014 abonné·es

« La personne ne s’est pas manifestée. » C’est ce que confie Gilles Biolley, journaliste à Charente Libre, qui a sorti l’affaire : le 9 décembre, un demandeur d’emploi a été victime d’un tir de Taser dans les locaux de Pôle emploi, à Cognac. La directrice ne souhaitant pas s’exprimer, la seule version disponible des faits est celle de la police. Un jeune homme de 23 ans, « en grande difficulté sociale », se serait énervé. Comme il devenait agressif envers les employés, la police a été appelée. Plusieurs agents seraient intervenus. Ne parvenant pas à calmer l’homme, ils lui ont administré un coup de Taser. Les cas de rébellion augmentant à Cognac, « ville tranquille », la police estime avoir fait ce qu’il fallait pour « éviter une grosse bagarre ». Le jeune homme est convoqué en mars au tribunal d’Angoulême pour outrage et rébellion.

Pourquoi un tel énervement ? Pourquoi plusieurs officiers entraînés ont-ils été dépassés par une seule personne ? Dans un communiqué, AC ! Gironde dénonce « la répression sauvage et brutale, les radiations administratives et le manque d’humanité à l’accueil des Pôle emploi ». L’association de défense des chômeurs – rare réaction à cette affaire, en sus de quelques lecteurs sur le site Internet du journal – rappelle que « les chômeurs ont des droits qui sont souvent bafoués par l’institution ». « Des demandeurs d’emploi qui pètent les plombs parce qu’ils en ont assez d’être maltraités, c’est fréquent, confirme Joëlle Moreau, d’AC ! Gironde. Récemment, l’un d’eux a menacé un salarié. On déplore des actes de violence des deux côtés. Mais, le plus souvent, les gens sont pris à part et, quand ils se sentent écoutés, ils se calment. L’affaire de Cognac révèle une addition d’incompétences. L’utilisation du Taser est inadmissible. » Le degré de violence ne semble pourtant choquer personne ou presque. « La vérité, précise-t-elle, c’est qu’il n’y a pas de travail, que les salariés de Pôle emploi sont en sous-effectif et que le plan 2012-2015 fait tout pour éloigner les demandeurs des conseillers. Cela engendre des tensions qui vont croissant. »

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