Une année catastrophique

L’enfumage du gouvernement autour de l’inversion de la courbe du chômage cache une hausse historique en 2013.

Thierry Brun  • 30 janvier 2014 abonné·es

Le gouvernement vient d’enrichir le florilège d’éléments de langage autour du chômage. Après « l’inversion de la courbe » promise par François Hollande, le « ralentissement de la hausse » et la « stabilisation », Michel Sapin, ministre du Travail, a inventé une nouvelle formule. « Nous sommes à deux doigts de le faire », a juré le ministre, tout en refusant, sur France Inter le 28 janvier, de fixer un quelconque objectif pour 2014.

Michel Sapin estime que « l’inversion de la courbe du chômage est une réalité manifeste pour les chômeurs de moins de 50 ans, qui représentent 78 % des demandeurs d’emploi », et que « les politiques de l’emploi déployées avec énergie portent leurs fruits ». Or, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi s’est établi à 5,86 millions fin décembre 2013, toutes catégories confondues (y compris les DOM), ce qui révèle un niveau sans précédent atteint l’année dernière, selon les chiffres publiés par l’organisme le 27 janvier. « Il y avait en décembre 2013, pour seulement 241 500 offres d’emploi collectées par Pôle emploi, plus de 5,5 millions de chômeurs inscrits, a réagi le Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP). Ce chiffre ne prend pas en compte les personnes qui ne sont pas ou plus inscrites auprès du service public de l’emploi. » L’association de chômeurs souligne qu’au mois de décembre 2013 « plus de 60 000 chômeurs ont été radiés administrativement ». De son côté, l’exécutif nie son échec et table sur le futur pacte de responsabilité pour inverser la tendance.

Travail
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