Le sacre des grands barons

À compter de 2015 ou 2016, les métropoles sont appelées à concentrer d’importants pouvoirs, au détriment des communes.

Michel Soudais  • 27 février 2014
Partager :

Un vaste chantier de transformation de la carte administrative et politique de la France est engagé. « L’acte III de la décentralisation », que le gouvernement a prévu de mettre en œuvre en trois lois, entend amplifier les regroupements de communes, redessiner si besoin les Régions, redistribuer les prérogatives entre les collectivités territoriales. Au nom de la compétitivité et de la rationalisation des dépenses. Le premier volet de cette réforme, bouclé en décembre, prend prétexte de la métropolisation, un mot un peu pompeux par lequel les géographes désignent à la fois la dynamique d’extension du tissu périurbain autour d’une ville-centre et la concentration de population dans les grandes villes, pour imposer la création de « métropoles » censées pouvoir rivaliser avec les grandes places économiques européennes ou mondiales.

À compter de 2015 ou 2016, suivant les cas, celles-ci sont appelées à concentrer d’importants pouvoirs, au détriment des communes situées dans leur aire urbaine – et parfois des départements entiers –, entre les mains de quelques élus désignés au moyen d’un suffrage indirect au 2nd ou 3e degré. Cette « modernisation de la gouvernance », radicale dans les cas de la Métropole du Grand Paris ou du Grand Lyon, bénéficiera essentiellement à quelques barons locaux qui tiendront en tutelle des élus de moindre rang. Avec le risque de réinstaller dans notre paysage politique un système d’essence féodale. Que celle-ci ait été conçue sans consultation des citoyens traduit un affaissement de notre démocratie et une mise à distance des citoyens, privés de leur droit d’arbitrage.

Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don