Une situation intenable

Soixante ans après l’appel de l’abbé Pierre du 1er février 1954, la France compte 3,5 millions de personnes très mal logées.

Ingrid Merckx  • 6 février 2014 abonné·es

Voilà tout juste soixante ans, c’était le 1er février 1954, l’abbé Pierre lançait un appel vibrant : « Mes amis, au secours ! Une femme vient de mourir gelée cette nuit…  » Une brusque prise de conscience avait débouché notamment sur le développement de places d’hébergement et la création d’une trêve hivernale.

La situation s’est-elle améliorée ? « On avait 54 % de mal-logés en 1954, contre moins de 10 % aujourd’hui. Mais on n’arrive pas à résorber ce noyau dur », observe Patrick Doutreligne, de la Fondation Abbé-Pierre (FAP). S’il y a moins de logements insalubres, « la crise du logement s’est accentuée », dénonce la FAP dans son rapport annuel : 500 personnes sont mortes dans la rue en 2013. Le pays compte 3,5 millions de « très mal logés », dont 141 500 sans-abri. Dix millions de personnes sont concernées par la crise, soit + 50 % depuis 2001. La ministre du Logement, Cécile Duflot, a annoncé trois mesures : le rétablissement de la trêve hivernale pour tous, une mission pour résorber les bidonvilles et un plan d’action Dalo. Problème, selon le DAL, si la loi Alur de Cécile Duflot permet des avancées, l’annonce sur la trêve hivernale serait un « demi-mensonge »  : les arbitrages concernant les occupants sans titre seront laissés à l’appréciation du juge. En outre : quelle baisse immédiate des loyers ? Quelle amélioration de la loi de réquisition ? Comment en finir avec la marchandisation du logement social ? Et comment répondre efficacement à l’urgence ? En décembre, 43 % des sans-abri qui ont appelé le Samu social n’ont pas obtenu de places à Paris, 61 % en province.

Société
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