Georges Sali : le « faiseur de roi » de Saint-Denis

Pourquoi le socialiste dissident Georges Sali a-t-il décidé de soutenir le PCF contre le PS à Saint-Denis ? Retour sur une vieille histoire…

Pauline Graulle  • 25 mars 2014
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Georges Sali : le « faiseur de roi » de Saint-Denis
Photo : georgessali.fr

A l’annonce des résultats, il a dû jubiler. Georges Sali, l’ancienne bête noire du PS dionysien, méprisé par le clan Bartolone, est devenu, en un soir, le « faiseur de roi » de Saint-Denis (93). Fort de son score de 7,7 %, c’est lui qui va départager les deux rivaux au second tour : le maire sortant PCF Didier Paillard, et le socialiste Mathieu Hanotin, sont arrivés presque au coude à coude (respectivement 40,21 % et 34,1 % des voix). Sali « fait un score très honorable, c’est très bien , se félicitait dimanche soir le jeune député PS envoyé par Claude Bartolone pour prendre la ville aux communistes. Quand on regarde les bureaux de vote, on a une localisation du vote Sali qui est très proche de la nôtre » .

La décision de Georges Sali a dû refroidir ses ardeurs. Comme on le pressentait, ce dernier a décidé de soutenir le PCF, a révélé il y a quelques minutes Le Parisien . « Aucun accord possible avec un PS “bartolonisé” et soutenant un Valls en dérive vers l’extrême-droite » , affirmait-il déjà, d’un tweet glacial, début octobre. Le fondateur du Parti socialiste de gauche (« PSG », un acronyme qui le fait bien rire) garde en mémoire les mauvais coups de Bartolone, qui l’aurait « exécuté » (sic) politiquement. Et tient aujourd’hui sa vengeance.

« Voyou »

_ La rupture remonte à 2008. Jusque-là, ce militant, socialiste depuis toujours, s’est tenu à carreau. Bon représentant du PS, il a été adjoint au maire communiste Marcelin Berthelot, élu depuis 1989 au conseil municipal, et connaît comme sa poche le marigot politique de Saint-Denis où il est né. Une ville où depuis 1965, le PS laisse le PCF « tranquille »…

_ Les municipales de 2008, qui ont lieu le même jour que les cantonales, sont un tournant. Le PCF de Didier Paillard refuse le rassemblement avec le PS au second tour. Parallèlement, Claude Bartolone va « prendre » le conseil général au PCF. Et pas de n’importe quelle manière, racontait récemment à Politis Georges Sali, dans un café proche du Théâtre de la Ville : « Lors de ces cantonales, “Barto” a passé un deal avec les communistes : “Vous me faites élire mon gamin, Mathieu Hanotin, en échange de quoi je deviens président du conseil général et je vous aide à virer Sali et à réintégrer le PS dans la majorité” » .

_ Il est loin le temps où sept militants socialistes rejoignaient la majorité communiste contre un Sali ayant décidé de se maintenir au second tour ! En 2008, le candidat (qui a encore l’investiture socialiste), fait cavalier seul face au PCF, allié aux socialistes de Bartolone. Et rassemble plus de 30 % des voix. « Quand Barto, le grand fauve des Lilas, a vu le score du PS, il s’est dit que la ville était prenable » , explique Sali.

_ Quatre ans plus tard, aux législatives de 2012, Sali, qui a fait campagne pour François Hollande à Saint-Denis, soutient Patrick Braouezec contre Hanotin ce « voyou »« et vous pouvez l’écrire ! » , précise l’homme, à la colère rentrée mais toujours vivace. Aujourd’hui, celui qui prête à « Barto » l’intention de mener « une politique de Levalloisation sur le territoire en faisant venir ses amis promoteurs » n’est pas beaucoup plus tendre avec le PCF. Mais il a pris sa décision. En toute logique.

Politique
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