Puissance de destruction

Lech Kowalski filme la dévastation de la campagne polonaise.

Christophe Kantcheff  • 27 mars 2014 abonné·es

Quelque part, en Pologne de l’Est, la partie la plus pauvre et la plus agricole, mais qui se développe à vitesse grand V depuis l’entrée du pays dans l’Union européenne, en 2004, et les subventions qui en découlent. Lech Kowalski y a posé sa caméra pour observer de quel type de « progrès » il s’agit. À la vérité : une dévastation. Pour suivre les nouvelles cadences de production, les paysans s’en sont remis aux grandes firmes qui leur livrent, par exemple, la nourriture pour les cochons, des farines animales. La betterave n’est plus rentable. Cette campagne polonaise est devenue le royaume du lisier. Un paysan dit, en se rappelant l’époque stalinienne : « Le lisier a remplacé les chars soviétiques. »

Le bonheur de quelques-uns fait le malheur de tous les autres. Les abeilles crèvent de boire dans des flaques polluées. Le tableau que dresse Lech Kowalski est apocalyptique. Jusqu’au nouveau chapitre qui s’ouvre avec les gaz de schiste. Les hommes de la société Chevron se croient tout permis lors de leurs préforages, dans les champs ou tout près des maisons. Les paysans accusent le coup avant de se rebeller. Le cinéaste a pu filmer une réunion d’« information » confrontant les habitants aux représentants de la multinationale. On se croirait dans la version documentaire de Promised Land, le film de Gus van Sant. Les paysans s’insurgent, contre-argumentent, demandent des comptes. Quelque chose comme une résistance, un espoir.

Cinéma
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