Le programme de Valls n’obtient qu’une majorité très relative

Michel Soudais  • 29 avril 2014 abonné·es

Les députés ont approuvé le programme de stabilité que le Premier ministre transmettra à la Commission européenne, le 7 mai, par 265 voix « pour », 232 voix « contre ». Il y a eu 67 abstentions, dont 41 députés socialistes. Manuel Valls a donc obtenu la majorité comme il l’escomptait : sans recours à des voix venues du centre ou de la droite puisque les votes « pour » de trois membres du groupe UDI (Meyer Habib, Jonas Tahuaitu et Jean-Paul Tuaiva) et d’un UMP (Frédéric Lefebvre) n’auront pas été déterminants. Pour avoir la majorité absolue, calculée en référence aux seuls suffrages exprimés, il fallait obtenir 249 voix.

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Illustration - Le programme de Valls n'obtient qu'une majorité très relative - Manuel Valls à l'Assemblée, pendant le débat sur le programme de stabilité (ERIC FEFERBERG/AFP)

La majorité dont le Premier ministre peut se prévaloir pour traduire en lois de finances son programme dans les prochains mois est toutefois très relative. Ledit programme n’a été approuvé que par 47 % des votants (564). Manuel Valls, qui avait obtenu la confiance de 306 députés le 8 avril, est désormais à la tête d’une majorité rétrécie. Dans le groupe Socialiste, républicain et citoyen (SRC), 30 députés socialistes qui avaient voté la confiance[^2] ont cette fois rejoint dans l’abstention les 11 députés qui, déjà, s’étaient abstenus[^3]. Les trois députés MRC, également membres du groupe SRC, qui avaient voté la confiance, ont voté contre le programme de stabilité conformément à leurs convictions sur l’Europe, comme ils s’en sont expliqués dans un communiqué. Dans le groupe écologiste, Manuel Valls avait décroché la confiance de 10 députés sur 17 : ils ne sont plus que 3 à soutenir son programme d’économies : Denis Baupin et Jean-Louis Roumegas se sont abstenus, douze ont clairement voté contre[^4]. Dans la majorité parlementaire, maigre consolation pour le Premier ministre, dans le Groupe radical, républicain, démocrate et progressiste, le député Thierry Robert qui s’était abstenu sur la confiance a approuvé le programme du gouvernement.

Le nombre de députés PS contestataires est supérieur aux prévisions de la direction du PS. Après une semaine d’une rude bataille au sein du groupe et du parti pour les faire rentrer dans le rang, Laurent Baumel, l’un des meneurs, n’a pas caché sa satisfaction :

Leur nombre témoigne de l’ampleur du doute et du mécontentement qui touchent les élus et militants socialistes depuis le Waterloo des municipales. Ce mouvement de fond déborde largement les rangs de ce qu’on appelle « la gauche du PS », dont plusieurs membres (Razzy Hammadi, Olivier Dussopt ou Régis Juanico, notamment) ont approuvé le programme d’économies.


[^2]: Christian Assaf, Serge Bardy, Delphine Batho, Laurent Baumel, Philippe Baumel, Jean-Pierre Blazy, Kheira Bouziane-Laroussi, Isabelle Bruneau, Dominique Chauvel, Florence Delaunay, Hervé Féron, Richard Ferrand, Jean-Marc Germain, Jean-Patrick Gille, Daniel Goldberg, Linda Gourjade, Edith Gueugneau, Mathieu Hanotin, Chaynesse Khirouni, Christophe Léonard, Arnaud Leroy, Kléber Mesquida, Franck Montaugé, Pierre-Alain Muet, Christian Paul, Michel Pouzol, Denys Robiliard, Stéphane Travert, Catherine Troallic, Paola Zanetti.

[^3]: Pouria Amirshahi, Fanélie Carrey-Conte, Nathalie Chabanne, Pascal Cherki, Jean-Pierre Dufau, Henri Emmanuelli, Jérôme Guedj, Philippe Noguès, Barbara Romagnan, Gérard Sebaoun, Suzanne Tallard.

[^4]: Laurence Abeille, Brigitte Allain, Isabelle Attard, Danielle Auroi, Michèle Bonneton, Christophe Cavard, Sergio Coronado, Noël Mamère, Véronique Massonneau, Barbara Pompili, François de Rugy, Eva Sas.

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