« Les Amants électriques » de Bill Plympton : Sous haute tension

Dans les Amants électriques, Bill Plympton file la métaphore sur le courant qui passe entre deux amoureux, jusqu’au court-circuit.

Ingrid Merckx  • 24 avril 2014 abonné·es

Il n’y a qu’elle. Dans le champ, dans la rue, au milieu de l’écran : Ella aimante le regard. Sa longue silhouette ondule comme une ombre projetée ou un reflet dans l’eau. Taille minuscule, hanches en ballon, robe jaune flottant au vent comme le ruban de son chapeau qui dissimule une chevelure rousse et des yeux verts haut placés, elle marche, plongée dans un livre, étrangère à l’onde de choc qu’elle dispense alentour. Les spectateurs de la foire sont tous aspirés par elle, au point d’en délaisser leur glace ou… leur compagne.

C’est ce qui arrive à Jake quand, au volant d’une auto tamponneuse adverse, il décide de voler au secours d’Ella alors qu’elle risque d’être électrocutée par son propre véhicule. Le courant passe, se propage et les emporte. Ils ne parlent pas – comme souvent chez Plympton –, ils poussent des petits cris expressifs qui, en l’occurrence, se transforment vite en soupirs équivoques, lesquels ne laissent bientôt plus aucun doute… Et Plympton s’en amuse, filant la métaphore électrique jusqu’à mettre en scène l’énergie sexuelle qui se dégage des deux amoureux. À côté de leur chambre, les objets et machines semblent pris dans un mouvement irrépressible, comme dans une vague sismique. Puis le génial auteur de Des idiots et des anges soumet ses personnages à un court-circuit, comme nombre de couples en connaissent. Contrastant avec la gravité et la noirceur du film précédent de Bill Plympton, ce nouveau long métrage d’animation distille une dose d’humour presque sarcastique dans le trait, la bande-son, et même dans ce nouveau développement fantasmagorique sur la valse des corps.

Cinéma
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