Vomir

Dans mon souvenir, le projet hollandique a été maintes fois précisé.

Sébastien Fontenelle  • 3 avril 2014 abonné·es

Les éminents personnages qui commentent dans la presse comme il faut les résultats des élections municipales des deux derniers dimanches vont – notamment – répétant, à l’unisson du Monde [^2], que l’énorme (et jubilatoire) branlée administrée aux « socialistes » régimaires doit être interprétée comme suit [^3] : « François Hollande paye brutalement – mais logiquement – la note d’un début de mandat raté, faute d’être porté par un projet clair et clairement expliqué. » Et je trouve ça un peu étrange, parce que, dans mon souvenir, le « projet » hollandique a – tout au contraire – été maintes et maintes fois précisé par les ministres qui, depuis que des électeurs [^4] les ont mis aux affaires, déclament en chœur que la sécurisation du patronat constitue l’alpha et l’oméga de leur « philosophie » politique – et parce que, par conséquent, nul(le) ne peut aujourd’hui prétendre ignorer [^5] que ce programme consiste en un reniement systématique des promesses faites en 2012 – et de celle, en particulier, de mater « le monde de la finance ».

De sorte que j’en viens presque à me demander si la candeur de ces commentateurs de presse et de médias n’est pas un peu contrefaite, et si elle ne leur sert pas de prétexte, pour mieux exhorter ensuite – puisque c’est effectivement ce qu’ils font – le chef de l’État françousque à tenir droit son cap vers une soumission toujours plus servile de (ce qu’ils appellent) « la politique » aux marchés.

Mais, en même temps, je me dis que tel ne doit pas être le cas – car, enfin, si vraiment une droite vautrée dans l’arrogance était, pour de vrai, partout aux affaires, dans les médias comme à l’Élysée, je suis bien certain qu’étant d’une gauche un peu exigeante, et qui n’a rien oublié de sa longue histoir, nous serions descendus par millions dans les rues, pour n’en plus bouger que ces fâcheux n’aient dégagé.  Non ?

P.-S. : Non, je n’ai pas parlé ici de la promotion de l’individu Valls à Matignon. Je suis content que tu l’aies remarqué. L’explication est qu’il va me falloir un peu de temps pour la digérer : pour l’heure – et après avoir, l’apprenant, vomi à longs traits –, je m’étrangle si fort de rage, dès que j’y pense, que je craindrais, si je l’évoquais, de me laisser aller à user d’un vocabulaire insuffisamment pesé. 

[^2]: Où ces dissertations sont vernissées de la « légitimité » que leur confère l’incompréhensible perpétuation de l’idée selon laquelle cette chambre d’écho du Medef serait un « journal de référence ».

[^3]: Selon le Monde , donc, daté – cela ne s’invente pas – du 1er avril 2014.

[^4]: Pris d’un aventurisme droitier contre quoi, souviens-toi, ils furent maintes et maintes fois mis en garde – de sorte que leurs éventuelles jérémiades, sur le thème nous-avons-été-horriblement-trahi(e)s, peuvent, de fait, susciter parfois une assez vive envie de leur botter (gentiment) le cul.

[^5]: Sauf à se foutre très ostentatoirement de la gueule du monde, mais nous savons que l’éditocratie ne s’abaisse jamais à de si vils comportements.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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