Fort de Vaujours : Un chantier à hauts risques

Alors que les autorités affirment que le fort de Vaujours doit faire l’objet de mesures de sécurité, les travaux de démolition ont démarré.

Louise Pluyaud (collectif Focus)  • 22 mai 2014 abonné·es

Un an après le rachat à l’armée française, en 2010, du fort de Vaujours (Seine-Saint-Denis) par BPB Placo, des associations de riverains et de défense de l’environnement avaient relevé un taux de radioactivité dix à vingt fois supérieur à la moyenne naturelle dans une casemate de cet ancien site d’expérimentations nucléaires [^2]. À l’époque, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) avait minimisé les risques, estimant que «   ces mesures restaient limitées à un bâtiment spécifique » et n’étaient «   pas représentatives de l’ensemble du site ». Mais des études effectuées en février dernier par l’institut et des organismes de recherche indépendants, la Criirad et l’Acro [^3], ont démontré la radioactivité du site. «   Il aura fallu un combat de longue durée pour que l’IRSN reconnaisse enfin que le site est radioactif et pollué aux métaux lourds », s’est indigné Bruno Chareyron, responsable du laboratoire de la Criirad. Dans une note d’information publiée le 12 mai, l’IRSN affirme en effet que le dossier présenté par la filiale du géant Saint-Gobain, qui détient les trois quarts du site, ne fournit «   pas suffisamment d’éléments pour apprécier si les bâtiments à démolir présentent ou non un risque de contamination radiologique » .

Pourtant, sans tenir compte des recommandations sanitaires de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et avant la réponse de l’IRSN, Placo a entamé son projet de démolition. «   Le protocole de sûreté appliqué aux ouvriers qui travaillent sur ce chantier est totalement improvisé. […] C’est ce qui s’appelle jouer avec la vie des personnes », a dénoncé Aline Archimbaud, sénatrice EELV de Seine-Saint-Denis, dans une demande de moratoire des travaux datée du 25 avril. «   Placo a pris tout le monde de court, 26 bâtiments sur 300 ont déjà été détruits sans l’accord des services publics   », s’est scandalisé Christophe Nédélec, président de l’association Les Abbesses de Gagny-Chelles. Il demande l’abandon du projet d’exploitation des sous-sols à ciel ouvert et un bilan radioactif de l’intégralité du site. «   Personne ne sait vraiment à quoi on a affaire, s’alarme-t-il. En plus de la radioactivité, tous les bâtiments sont amiantés, et personne ne parle des poussières d’uranium. Si les travaux persistent, le risque d’un désastre sanitaire ne peut être écarté. »

[^2]: Voir Politis n° 1287, 23 janvier 2014.

[^3]: Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité et Association pour le contrôle radioactivité dans l’Ouest.

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