Un bric-à-brac venu d’ailleurs

Chad VanGaalen possède un monde bien à lui. Et des chansons étranges et bigarrées.

Jacques Vincent  • 8 mai 2014 abonné·es

Des rares informations disponibles à propos de Chad VanGaalen, on apprend qu’il vient de Calgary, au Canada, qu’il a déjà sorti quatre albums, qu’il est aussi dessinateur et prépare un long métrage d’animation de science-fiction. On s’étonne moins, dès lors, de la première ligne des courtes notes de pochette : « Écrit et enregistré par Chad VanGaalen. » Il aurait pu ajouter : chanté et joué. Aucun autre musicien, en effet, en dehors d’un bassiste sur un morceau. Pas de producteur non plus. Et c’est évidemment lui qui a réalisé les dessins, dont le très beau de la pochette intérieure.

Chad VanGaalen vient surtout d’une autre planète, celle qu’il a inventée. Ce qui le situe dans la lignée d’artistes et de groupes à l’univers singulier. Syd Barrett, auquel « Weird Love » fait un clin d’œil appuyé, le Marc Bolan de Tyrannosaurus Rex, que le vibrato de sa voix rappelle parfois, ou, plus récemment, Mercury Rev et Guided By Voices pour la liberté revendiquée dans l’agencement des compositions. Lesquelles reposent en général sur une trame simple et classique. On imagine bien qu’elles pourraient se contenter de l’alliance voix-guitare, mais on sait aussi qu’elles y perdraient une partie de leur mystère, de leur étrangeté et de leur univers multicolore. Ce qui les rend si singulières, ce sont les éléments discordants, que VanGaalen introduit : lignes répétitives ou qui semblent douées d’une vie propre après avoir été jetées au hasard, d’autres comme des étoiles filantes. Et une manière insolite de mêler les voix des nombreux instruments utilisés, qui se superposent ou s’entrecroisent. Évidemment, on n’en trouvera pas deux qui se ressemblent dans ce défilé hétéroclite où se côtoient folk, country, rock et pop psychédélique. C’est l’art du bric-à-brac et c’est formidable.

Musique
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