Ministre schizophrène (À flux détendu)

D’un côté, il y a Aurélie qui s’est félicitée de la perpétuation du régime des intermittents. De l’autre, il y a Filippetti qui déclare : « L’accord du 22 mars ne permet pas de résoudre la question du régime des intermittents. »

Christophe Kantcheff  • 19 juin 2014 abonné·es

D’un côté, il y a Aurélie qui, au lendemain de l’accord passé le 22 mars sur l’assurance chômage, s’est félicitée que celui-ci perpétue le régime des intermittents. De l’autre, il y a Filippetti qui, dans le Monde daté du 17 juin, déclare : « L’accord du 22 mars ne permet pas de résoudre la question du régime des intermittents. » Aurélie Filippetti est une ministre en deux personnes, dont le drame, en pleine crise des intermittents plus que jamais mobilisés, est de ne pouvoir se fondre en une. D’un côté, Aurélie a le cœur qui penche en faveur des artistes et des techniciens ; elle voudrait tant être aimée d’eux, être reconnue comme une grande ministre par ceux qui contribuent à la culture d’aujourd’hui. De l’autre, Filippetti, sans grand poids politique, se soumet à la décision du Premier ministre et du ministre du Travail, François Rebsamen, de signer l’agrément de l’accord régressif. Alors, la ministre de la Culture se demande ce qu’elle peut bien faire. Elle se démène. Elle interpelle le Président… dont elle a si peu l’oreille. D’un côté, Aurélie milite sincèrement pour trouver des solutions. De l’autre, Filippetti participe sans vergogne à toutes les combinazione pour enfumer les esprits. Ainsi, son nouveau cheval de bataille consiste à faire de « la négociation tripartite  […] associant l’État, le patronat et les syndicats » – à mettre en place « au début de l’été »  – le nec plus ultra de la résolution de la crise. Comme elle le dit elle-même, cette négociation est prévue dans l’accord du 22 mars. Déduction implicite : il faut donc agréer celui-ci afin de pouvoir apposer ensuite un pansement sur les blessures des intermittents les plus fragiles, que l’accord va précariser davantage. Le leurre est grossier. Une idée pour soigner la schizophrénie de la ministre : qu’elle sorte du gouvernement. Aurélie serait soulagée, et Filippetti n’aurait plus les mains sales.

Culture
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