Capitaliser sur la mort de ses salariés, une pratique américaine

Lena Bjurström  • 1 juillet 2014 abonné·es
Capitaliser sur la mort de ses salariés, une pratique américaine
© Photo : Le siège de JP Morgan Chase, en décembre dernier à New York. (STAN HONDA / AFP)

Les employés du journal américain The Orange County Register n’en reviennent toujours pas. Plus tôt dans l’année, ils ont reçu un mail de leur société, Freedom Communication, demandant leur accord pour prendre une assurance vie à leur nom, dont les bénéfices seraient reversés non pas à leurs proches mais à la caisse de retraite de l’entreprise.

L’affaire, relatée dans le New York Times et relevée par Le Monde , semble peu banale, mais elle illustre une pratique largement répandue aux États-Unis : capitaliser sur le futur décès des salariés.

«Des centaines de sociétés ont souscrit des assurances sur des milliers de salariés» , explique le journaliste. Cet investissement rapporte aux entreprises des revenus réguliers, au fil des décès des salariés, même si ceux-ci ont quitté leur société depuis des années. Bénéficiant de généreuses réductions d’impôts, ces assurances-vie sont très prisées, des banques en particulier. Selon le New York Times , JP Morgan Chase ou Wells Fargo détiennent ainsi plusieurs milliards de dollars de ces assurances, et les prennent en compte dans la mesure de leur capacité à résister aux chocs financiers.

La pratique est si largement répandue qu’en 2006, une loi a tenté de la limiter… en n’autorisant la souscription de telles assurances que sur les têtes des 35% de salariés les mieux payés de l’entreprise. L’effet est, bien entendu, mesuré, et ces assurances-vie demeurent une source opaque d’importants profits.

Économie
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