L’effondrement de la civilisation occidentale

Denis Sieffert  • 28 juillet 2014
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L’effondrement de la civilisation occidentale
© Photo : Brooklyn, New York. (Michel Setboun / Photononstop)

C’est un petit livre écrit sur le mode fiction. Les auteurs — étatsuniens — sont, l’une, historienne des sciences et prof à Harvard, et l’autre, spécialiste de la Nasa, préoccupés par les interactions entre politiques nationales et recherche scientifique.

Le récit se situe en 2093, et il ne reste plus grand chose de notre monde. Si, la Chine ! C’est d’ailleurs là que nos deux historiens ont trouvé refuge. Et c’est de là qu’ils nous racontent comment la «civilisation occidentale» s’est effondrée au beau milieu du XXIe siècle.

Illustration - L’effondrement de la civilisation occidentale

Le paradoxe de l’ouvrage, c’est qu’il n’est pas que fiction. Bien entendu, tout ce qui arrive à notre pauvre monde au-delà de 2014 relève de l’imaginaire. Mais un imaginaire déductif, et effroyablement logique. C’est le monde de demain tel qu’il sera si nous ne faisons rien. Quand le réchauffement climatique aura provoqué une hausse du niveau des océans jusqu’à submerger des bouts de continents. Et il n’y a pas que les pauvres du Bangladesh qui auront péri sous les eaux ! New York et les Pays-Bas également ne seront plus que souvenirs, et la Floride une langue de terre au fond de la mer des Caraïbes. Sans compter les épidémies et les effets de la pollution.

Mais le plus passionnant n’est peut-être pas la photographie de ce futur monde sous-marin. Le plus fou n’est pas la fiction. C’est la réalité d’aujourd’hui. Car les auteurs remontent le temps jusqu’à nous, pour expliquer comment, dans les années 2010, la «civilisation occidentale» a raté le coche du changement. Et c’est ici que les deux auteurs donnent la pleine mesure de leur compétence. Ils démontent les campagnes des lobbies et de leurs relais «climatosceptiques» (on pense à ce « brave » Claude Allègre…). Ils mettent en évidence la couardise des politiques. Ils pointent les mercantilismes à la petite semaine.

Bref, ils montrent les effets du libéralisme sur les esprits d’abord, sur la géographie ensuite. Ils soulignent aussi les failles d’un monde scientifique cloisonné, incapable de penser les phénomènes dans leur globalité. Au total, un travail remarquable de pédagogie. Une seule question vient en tournant la dernière page : s’il est déjà trop tard, à quoi bon ?

  • L’effondrement de la civilisation occidentale , Naomi Oreskes et Erik M. Conway, Les liens qui libèrent, 128 p., 14 euros.
Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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