Bruce Gilden, ou la cour des miracles

De Manhattan à Tokyo : le travail d’un photographe de rue exceptionnel.

Jean-Claude Renard  • 19 août 2014
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Bruce Gilden, ou la cour des miracles

Les amateurs de classements ou de catégories n’y trouveraient pas leur compte. Né en 1946, à Brooklyn, pratiquant la photographie dès les années 1960, Bruce Gilden a pris soin de se soustraire à tous les modèles. C’est un indépendant qui ne suit que ses coups de cœur, ignorant la critique et le marché de l’art, les courants et les tendances.

A l’image, cela donne exclusivement des plans rapprochés, en noir et blanc, sur les citadins, le tout-venant de la rue. Des trognes d’assassins besogneux, des mines patibulaires, parfois grimaçantes, qui prennent des allures de masque, des visages déformés, dérouillés par l’existence, des corps désarticulés. Toute une cour des miracles extraite du flux de la vie.

Illustration - Bruce Gilden, ou la cour des miracles - Sans titre, Bruce Gilden

Combinant flash et lumière du jour, privilégiant le format vertical, des cadres toujours inattendus, Gilden a fait de Manhattan son terrain de chasse principal, sans s’épargner une incursion au Japon ou au Portugal. Mais saisissant systématiquement la multiplicité, les marges, les zones d’ombre, en véritable maître du théâtre des rues. Quand il verse dans la couleur, la pellicule se veut acidulée, jouant par exemple sur le contraste entre le fond jaune pétaradant d’un mur devant lequel passe un homme au costume bleu ciel, à la cravate rouge vif.

Mais en couleur, comme en noir et blanc, et ce dont rend très bien compte ce recueil photographique, il y a chez Gilden une constance : son intérêt pour les gens, les anonymes, les perdants.

  • Bruce Gilden , Photo Poche/Actes Sud, 144 p. 88 ill, 13 euros.
Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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