La « Maternité des Lilas » restera aux Lilas

Ingrid Merckx  • 10 septembre 2014
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La « Maternité des Lilas » restera aux Lilas
© Photo: Manifestation dans les rues des Lilas, le 24 septembre 2011.

Il est des luttes qui payent : le projet de délocalisation de la maternité des Lilas à Montreuil a été abandonné.

C’est ce qu’a annoncé Claude Evin, directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-De-France, le 9 septembre, d’après Madeline Da Silva, présidente de l’association Naissance, qui gère la maternité, et membre du collectif de soutien au maintien de la maternité aux Lilas.

« Le projet de Montreuil étant rejeté par les équipes de la maternité, il faut que nous travaillions avec elles pour trouver une autre solution qui soit elle aussi finançable et viable » , a confirmé l’ARS à l’AFP.

Le projet de reconstruction aux Lilas défendu par la maternité coûterait 24 millions d’euros, selon Madeline Da Silva. En 2010, dans le cadre du plan Hôpital 2012, l’État s’était engagé à financer tout le projet. Ce plan avait été validé par Roselyne Bachelot, ministre de la Santé de l’époque.

« Depuis 2010, nous avons essuyé une vague de reculs successifs , rappelle Madeline Da Silva. Mais le candidat François Hollande s’était engagé à nous soutenir… »

En juin, le personnel s’est prononcé contre le projet de déménagement à l’hôpital de Montreuil et le conseil d’administration de l’association Naissance a validé ce refus.

Le 8 septembre, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a été interpellée en présence de Claude Evin par des membres du collectif de soutien à la maternité lors d’un déplacement au foyer du Clos-Lamotte.

« Non », à l’unanimité !

« Le personnel a dit non à Montreuil à l’unanimité, c’est du jamais vu ! , souligne la présidente de l’association. Même les femmes de service qui pouvaient craindre de perdre leur emploi ont refusé ce déménagement. Cela signifie que les équipes ont préféré dans leur totalité prendre le risque d’une fermeture plutôt que d’abandonner un projet dans lequel certains membres sont engagés depuis trente ans. »

Cet unanimité a pu faire changer d’avis l’ARS. Le départ du groupe Diaconesses-Croix Saint-Simon du conseil d’administration, effectif depuis le 31 août dernier, pouvait laisser penser que la lutte du collectif allait s’éteindre. Mais un nouveau conseil d’administration a été formé, un nouveau directeur a été engagé, « Et tout est reparti ! », se félicite Madeline Da Silva.

La maternité des Lilas frappe par sa pugnacité et l’écho que sa lutte rencontre dans les médias. Par ailleurs, le coût du déménagement à Montreuil, évalué à 8 ou 10 millions d’euros, aurait été sous-estimé. Un argument supplémentaire : s’il coûtait en réalité 17 millions d’euros, le montage financier du projet proposé par l’ARS n’était pas si éloigné de celui soutenu par le collectif.

Aujourd’hui, le collectif semble pouvoir disposer de 10 millions d’euros en provenance de l’ARS et de 4 millions d’euros venant des collectivités. Restent 10 millions d’euros pour l’État.

« Ça n’est pas de l’argent supplémentaire que nous demandons, mais une partie du budget sur lequel l’État s’était initialement engagé » , précise Madeline Da Silva.

Rien n’est encore joué. L’abandon du déménagement à Montreuil sonne moins comme une victoire que comme « une étape vers la victoire » . La menace d’une fermeture plane toujours.

« Mais c’est une victoire des salariés qui ont osé dire non » , reprend la présidente.

Une rencontre entre le collectif et l’ARS est prévue mi-octobre.

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