Le Meurice et la charia : Le Femina boycotte

Le jury du prix Femina déserte le Meurice, propriété du sultan de Brunei, prônant la charia. Guéguerre de luxe et bouche cousue.

Jean-Claude Renard  • 22 septembre 2014 abonné·es

Illustration - Le Meurice et la charia : Le Femina boycotte


C’est déjà l’heure des prix littéraires. Et à cette occasion, le jury du Femina, qui accordera son prix le 3 novembre prochain, a fait savoir qu’il ne sera pas décerné, comme précédemment, à l’hôtel Meurice. Motif du jury, composé exclusivement de femmes : « Après les déclarations du sultan de Brunei, propriétaire de l’hôtel Meurice, qui réclame pour ses sujets le rétablissement de la charia, le jury Femina, abandonnant le Meurice, a décidé de revenir, pour décerner ses prix, au Cercle Interallié. »

En effet, depuis le 1er mai, le sultan Hassanal Bolkiah a décidé le retour progressif de la charia, d’ici 2015 (amputation, flagellation, lapidation, selon les crimes commis, visant principalement les femmes, comme les relations sexuelles hors mariage ou l’avortement). Le Brunei est ainsi le seul Etat d’Asie du Sud-Est, enclavé sur l’île de Bornéo, à appliquer la charia. Une application qui a vu poindre quelques boycotts de la part de certaines personnalités, comme François-Henri Pinault, qui n’a pas manqué de tacler un concurrent direct sur le marché des palaces (ce qui ne l’empêche pas d’avoir ses boutiques Boucheron au Qatar et en Arabie Saoudite !). C’est que le sultan de Brunei n’est pas seulement propriétaire du Meurice. Il est à la tête du groupe Dorchester Collection, possédant également à Paris le Plaza Athénée. Du Meurice au Plaza Athénée, on retrouve aux cuisines Alain Ducasse. Mais le multiple étoilé botte en touche, ne dit mot, sinon qu’il « faut bien honorer ses contrats » .

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