La VIe République fait des émules

Pour Benoît Hamon, Cécile Duflot, Aurélie Filippetti ou encore Bastien François,
un changement de Constitution est un « chantier indispensable ».

Michel Soudais  • 9 octobre 2014 abonné·es

La VIe République serait-elle l’embryon d’un nouveau « programme commun » ? Dimanche, la nécessité de changer les institutions a fait consensus entre Benoît Hamon, Cécile Duflot et Pierre Laurent. Pour l’éphémère ministre de l’Éducation, « écrire la constitution de la VIe République pour dans deux ans et demi » est « le premier chantier indispensable, immédiat » pour « redonner espoir dans le progrès ». « Ça ne marche pas, la Cinquième, ça ne peut plus marcher d’ailleurs », a-t-il lancé, sous les applaudissements de quelques centaines de militants, en appelant à « trancher maintenant ». Rebondissant sur ces propos, l’ancienne ministre du Logement, Cécile Duflot, a résumé l’aspect le plus décrié de la « Ve République présidentialisée »  : « Le président de la République décide, compose un gouvernement comme il le souhaite, choisit une ligne politique », en l’occurrence « ultra-minoritaire », et « ensuite il faut s’aligner. Soit vous votez contre et vous êtes un traître. Soit vous votez pour et vous vous reniez. » Un « choix douloureux » auquel « ont été soumis les parlementaires socialistes », a-t-elle souligné. Avant de dénoncer le « chantage invraisemblablement scandaleux » qui a accompagné le dernier vote de confiance, non sans ironie. « Si le résultat d’un vote de confiance c’est qu’on dissout l’Assemblée nationale, je propose qu’il n’y ait plus de vote de confiance et qu’on dise : “Le Président décide, l’Assemblée lève le bras”. »

Cette VIe République sera-t-elle un régime présidentiel ou parlementaire ? Benoît Hamon laisse le choix ouvert. Dimanche, il s’est contenté de réclamer que cette constitution « redore les blasons des contre-pouvoirs et fasse que l’exécutif soit responsable devant le parlement ». La veille, dans un entretien à Mediapart, son ex-collègue à la Culture, Aurélie Filippetti, jugeait également urgent de « relancer le chantier  […] d’un changement institutionnel », sans avancer d’autre proposition que celle-ci : « Il faut une VIe République, avec une répartition moins monarchique du pouvoir, […] un pouvoir plus horizontal, et des contre-pouvoirs plus structurés. » Sur la question, le communiste Pierre Laurent est plus précis quand il réclame une VIe République « pour nos institutions », le parlement mais aussi l’organisation territoriale « en train de changer profondément sans aucun débat national ». Et une république « sociale » qui donne « de nouveaux droits aux travailleurs », ces droits n’ayant pas évolué, selon lui, depuis les lois Auroux de 1982. Si la perspective de passer à la VIe République revient en force dans les débats de la gauche, ceux-ci ne font que commencer. Son contenu et les moyens de la mettre en œuvre étaient au centre d’une table ronde de l’université d’Un monde d’avance, samedi.

Si le socialiste Stéphane Delpeyrat appelle « un changement social global », la Cinquième ayant diffusé ses valeurs à l’ensemble de la société, le constitutionnaliste Bastien François (EELV) souhaite « sortir de l’exception par le régime parlementaire » pour revenir à « un régime démocratique normal ». « La VIe République, c’est n’est pas une révolution », assure-t-il dans une allusion voilée à la « révolution citoyenne » de Jean-Luc Mélenchon ( Politis n° 1320). Ce ne semble pas l’avis d’André Bellon, ancien parlementaire socialiste et surtout président l’Association pour une constituante. Constituante qu’il décrit comme « le seul processus qui permet d’éviter le FN ». L’enjeu n’étant rien de moins que de « reconstituer le peuple ».

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