Papouasie : Interdit d’informer

Deux journalistes français sont en centre de rétention en Papouasie. Ils risquent la prison.

Jean-Claude Renard  • 2 octobre 2014 abonné·es
Papouasie : Interdit d’informer
© Photo : AFP PHOTO / INDRAYADI

C’est une île du bout du monde, une province de l’Indonésie. La Papouasie n’est guère visitée. Elle est le théâtre d’affrontements réguliers entre l’armée indonésienne et les séparatistes, dénonçant l’exploitation des Papous et la corruption sur cette terre riche en ressources naturelles. Thomas Dandois a l’expérience des reportages, de la Somalie au Darfour. Valentine Bourrat est photographe et cadreuse, fille du journaliste Patrick Bourrat, mort en 2002, renversé par un char au Koweït. Comptant réaliser un reportage pour Arte sur la situation politique papoue, tous deux sont arrivés en Indonésie avec un visa touristique. En toute illégalité, donc, faute de mieux, puisque le gouvernement de Jakarta ne délivre quasiment pas de visa de travail aux journalistes qui se présentent dans cette région.

Le 6 août dernier, les deux reporters français ont été arrêtés par la police de Wamena pour infraction à la législation sur l’immigration, quelques jours après avoir rencontré des militants séparatistes. Ils ont été transférés ensuite à Jayapura, la capitale régionale. D’ordinaire, les journalistes sont expulsés illico. Mais cette fois, sans véritable explication, les autorités s’acharnent, jusqu’à soupçonner Dandois et Bourrat de participer « à un plan pour nourrir l’insécurité et l’instabilité en Papouasie ». Placés dans un centre de rétention, soumis à une enquête, ils attendent le jugement d’un procureur qui doit décider d’un procès ou non. Auquel cas, ils risquent 40 000 dollars d’amende et jusqu’à cinq ans de prison. Simplement pour avoir voulu informer de la situation en Papouasie. La décision est prévue autour du 13 octobre. Du côté d’Arte, si la chaîne a pu s’assurer des conditions acceptables de rétention des deux journalistes, auxquelles les autorités consulaires ont pu rendre visite, les leviers sont faibles, face à une législation qui a été enfreinte. « Ils ont été arrêtés après l’élection présidentielle, précise Marco Nassivera, patron de l’info à Arte, dans une phase d’attente et trouble, avant l’investiture du nouveau président. On ne sait pas s’il y a une volonté d’appliquer strictement la loi ou de faire un exemple. On fait profil bas en espérant la clémence. » Le nouveau président élu, Jokowi, s’est dit favorable à la visite de journalistes étrangers. Mais il ne prend ses fonctions que le 23 octobre. Chronologie cruciale.

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