Un numerus clausus pour les prisons
Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), Adeline Hazan , s’est prononcée ce mardi pour la mise en place d’un « numerus clausus » ou un « seuil » limite d’incarcération de manière à sortir de la surpopulation carcérale : « Il est temps de faire entrer le droit en prison car, pour les détenus mais aussi pour les surveillants, la surpopulation a de graves conséquences » , a déclaré au Parisien , ce mardi 25 novembre, Mme Hazan. Et de proposer ainsi « d’interdire la pratique des matelas au sol » , sachant que « chaque nuit, plus d’un millier de détenus dorment par terre, dans des cellules déjà surchargées » .
En effet, les derniers chiffres publiés par l’administration pénitentiaire, début novembre, faisaient apparaître que les établissements français comptaient 1065 matelas au sol, pour un effectif de 66 530 détenus. Pour régler ce « problème de fond, je suis favorable au numerus clausus » , a-t-elle poursuivi. On commencerait par fixer un seuil au-delà duquel il ne serait plus possible d’incarcérer » .
Concrètement, cela consisterait « à différer les incarcérations quand le seuil est atteint, à libérer certains détenus en fin de peine, à condition de leur proposer un accompagnement. Avec de la pédagogie, je suis sûre que l’opinion publique serait prête à accepter cette réforme courageuse » , veut croire l’ancienne magistrate et maire socialiste de Reims. En effet, c’est bien de pédagogie qu’il s’agit, quand nombre d’avis estiment que la seule présence de la télévision dans les cellules est un luxe.
Cette position intervient justement au moment où l’encellulement individuel, qui n’a jamais été respecté, devient une obligation pour l’Etat, après un moratoire de cinq ans. Une obligation légale que la France ne respecte toujours pas. Et qui ne sera effective qu’après avoir désengorgé les prisons. D’où l’intérêt d’un numerus clausus. Dans ce sens, le député écologiste Sergio Coronado et plusieurs personnalités ont invité hier, lundi 24 novembre, le gouvernement à se saisir de la question de l’encellulement individuel.