Le PS se rêve en « parti de masse »

Le conseil national du Parti socialiste a adopté le calendrier de son congrès et approuvé plusieurs mesures de « réorganisation » en vue d’atteindre 500 000 adhérents en 2017.

Michel Soudais  • 14 décembre 2014 abonné·es
Le PS se rêve en « parti de masse »

Deux sujets étaient à l’ordre du jour du conseil national du Parti socialiste, qui s’est réuni samedi dans une salle en sous-sol de l’Assemblée nationale. Le parlement du PS a arrêté à l’unanimité les dates qui rythmeront les débats de son prochain congrès, qui se tiendra du 5 au 7 juin à Poitiers.
7 février : dépôt des contributions
11 avril : dépôt des motions
21 mai : vote dans les sections sur les motions
28 mai : vote dans les sections pour désigner le Premier secrétaire
_ La première phase du congrès, dite des contributions, se tiendra donc bien en parallèle avec la campagne des élections départementales, comme nous l’avions annoncé dans Politis. Et les différentes sensibilités socialistes n’auront qu’une dizaine de jours pour affiner leur stratégie entre le second tour des élections départementales, le 29 mars, dont tout laisse à penser qu’il pourrait enregistrer une nouvelle déroute électorale du PS, et le conseil national qui, le 11 avril, enregistrera les motions soumises au vote des militants.

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La « réorganisation » du parti fait nettement moins l’unanimité. Le rapport que le secrétaire national du PS aux élections, Christophe Borgel, a présenté sur ce sujet a certes été adopté, mais les courants de la gauche du PS se sont abstenus sur ce vaste programme, adopté mardi en bureau national qui prône « une procédure d’adhésion simplifiée et facilitée » , notamment en rééxaminant le coût des adhésions établi actuellement en fonction des revenus, et veut « redynamiser la vie des sections » avec une formation des cadres et des militants pour « préparer les échéances municipales de 2020 » , la tenue de « six forum thématiques » ou en permettant l’ « interpellation de la direction par les militants » . Mais aussi une refonte du site internet, avec des bogs pour chaque secrétaire national, une émission TV quotidienne et une application._ Cette « réorganisation » du PS constitue pour Jean-Christophe Cambadélis la deuxième étape de la « remise à flot » du parti, depuis son arrivée aux manettes rue de Solferino en avril, après l’élaboration et l’adoption d’une Charte censée définir l’identité socialiste pour les prochaines années. L’objectif, a t-il expliqué, est de faire du PS « un parti de masse » de 500 000 adhérents en 2017. Le Parti socialiste compte actuellement 150 000 adhérents dans son fichier, dont seulement 80 000 à jour de cotisation depuis le vote sur la charte, contre 170 000 fin 2013.

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A l’issue du conseil national, Jean-Christophe Cambadélis est revenu sur cette volonté du PS de faire peau neuve pour ne plus être une formation de « happy few » mais ouverte sur la société : « Le PS est un parti (…) réservé à des spécialistes et des professionnels de la politique. Nous voulons l’élargir et s’adresser à tous ceux qui sont autour de nous » et en particulier aux « 800 à 900.000 sympathisants » recensés, selon lui, par les sections du parti. _Cette volonté d’ *« ouvrir les portes et les fenêtres du parti »* , dans un conseil national réuni une fois de plus à huis-clos, a fait sourire la gauche du PS. *« C* *e que les électeurs attendent pour nous rejoindre, ce n’est pas un choc de simplification mais l’absence d’écart entre le dire et le faire »* , a déclaré Marie Chantecaille du courant « Maintenant la gauche », justifiant au nom de cet écart le refus de son courant de voter le rapport de Christophe Borgel. *« Si on veut empêcher les adhérents de s’en aller, il faut faire une politique qui soit conforme à ce qu’ils voulaient lorsqu’ils sont entrés au Parti Socialiste »* , avait déclaré Emmanuel Maurel à la presse.

Les questions d’actualité se sont également invitées lors des débats. La loi Macron a ainsi suscité les critiques de plusieurs représentants de l’aile gauche, en particulier Benoît Hamon. L’ancien ministre de l’Éducation a redit qu’il n’était «  pas favorable à une société de l’hyper-consommation » avant de rappeler que moins le travail du dimanche sera rare, moins il sera compensé Et de prédire que la loi Macron va produire un débat au delà du nombre de dimanche travaillés « Si on veut aider nos camarades aux élections (départementales de mars), autant ne pas (la) voter » , a averti devant la presse Emmanuel Maurel, l’un des principaux animateurs de l’aile gauche du parti : « Quand il y a tellement de problèmes soulevés par un texte, il ne s’agit pas de l’amender, il faut le retirer. »

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