L’exacte vérité

M. Cambadélis feint de ne pas voir que ses reniements engraissent les fafferies de l’époque.

Sébastien Fontenelle  • 4 décembre 2014 abonné·es

M. Cambadélis, chef du parti des « socialistes » à guillemets (SÀG), vient de faire plusieurs déclarations qui doivent retenir notre attention – non pour elles-mêmes, tu l’imagines bien, mais pour ce qu’elles nous confirment de la véritable nature, précisément, des SÀG [^2]. D’abord, M. Cambadélis a proclamé [^3] que sa formation – le P « S », donc – allait se doter d’un, je cite, « dispositif anti-FN ». Puis M. Cambadélis a expliqué qu’il trouvait M. Gattaz (du Medef) très « gonflé » avec ses récriminations relatives à la « souffrance » du patronat, parce que bon, en vrai – c’est ce qu’a précisément dit M. Cambadélis –, « jamais un gouvernement n’a autant fait pour les entreprises » que celui que dirige M. Valls. Et de fait : rien n’est plus vrai que cette démonstration. Puisque, effectivement, M. Gattaz se fout très ouvertement de la gueule du monde (et de la nôtre, donc), lorsqu’il geint que les patron(ne) s seraient maltraité(e) s. Puisque, effectivement, jamais ils n’ont été si gavés de fonds publics que depuis que M. Hollande fut mis dans l’Élysée, en 2012, par des votant(e)s – toi, toi, et toi, et toi aussi, là, n’essaie pas de te cacher, s’il te plaît – dont la naïveté laisse pantois.

M. Cambadélis – je me permets, si tu permets, d’y insister – dit par conséquent l’exacte vérité lorsqu’il reconnaît publiquement que ses camarades « socialistes » du gouvernement font depuis 31 mois beaucoup plus encore « pour les entreprises » que n’avait jusqu’à présent fait l’autre droite – celle de MM. Kozy et Le Maire (liste non exhaustive) – dans les nombreux moments où elle a été aux affaires [^4].

Le drame de M. Cambadélis vient de ce qu’il ne mesure pas – ou fait semblant de ne pas voir – que cette spécificité du règne de MM. Hollande et Valls, où les salarié(e)s sont délibérément sacrifié(e)s sur l’autel de la flatterie de leurs employeurs, est précisément ce qui nourrit – avec aussi l’affreuse manie qu’a M. Valls de réciter, contre les musulman(e) s ou les immigré(e) s, des saillies si réactionnaires qu’on les dirait tout (extrême) droit sorties d’un tract de la Pen – les succès du FN. Pour le dire autrement : lorsqu’il fait mine de ne pas comprendre que ce sont ses propres reniements qui engraissent les fafferies de l’époque, M. Cambadélis, je le crains, se fout, lui aussi, très directement de nous.

[^2]: Tel(le) que je te connais, tu dois être en train de grommeler que ça va bien, maintenant, avec ces rappels réguliers de ce que sont pour de bon les misérables pitres (disons comme ça pour rester dans l’urbanité) de la rue de Solférino (où le P « S » a le siège), on a compris que ces gens étaient de droite, tu pourrais-tu pas nous proposer autre chose ? Et je comprends ton agaçitude, mais, petit un : il y a encore une grosse dizaine de nos concitoyen(ne)s qui pensent que les « socialistes » sont véritablement de gauche, et il convient selon moi que nous les dessillions avant 2017. Puis (surtout), petit deux, je le reconnais bien volontiers : rien ne me procure en ce moment plus de jubilation que d’exprimer l’immense exécration que m’inspire ledit P« S ».

[^3]: Du même ton qu’aurait, j’en jurerais, pris feu Néron pour annoncer, vers juillet 64 after Jésus-Christ, son projet de création d’une unité de lutte contre les grands incendies.

[^4]: NB : je profite de l’occasion pour rappeler ici que l’emploi du mot « affaires » n’est pas, par lui-même, constitutif d’une atteinte à la dignité de M. Balkany.

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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