Alexis Tsipras est nommé Premier ministre

Officiellement Premier ministre, le dirigeant de Syriza doit désormais former un gouvernement de coalition. Une alliance avec un parti de droite souverainiste est annoncée.

Lena Bjurström  • 26 janvier 2015 abonné·es
Alexis Tsipras est nommé Premier ministre
© Photo : Alexis Tsipras, lors de son premier discours après la victoire de Syriza aux élections législatives grecques, le 25 janvier 2015. (CITIZENSIDE/MICHAEL DEBETS / citizenside.com)

Alexis Tsipras a prêté serment , ce lundi après-midi à Athènes, sans bible ni archevêque contrairement à l’usage en Grèce.

Juste après sa prestation de serment, Alexis Tsipras est allé se recueillir au mur des fusillés de Kesariani, commune proche d’Athènes, où 200 communistes ont été exécutés en 1944 par les nazis.

C’est désormais le temps des négociations, en prévision de la formation du nouveau gouvernement dont on devrait connaître la composition dans les jours à venir.

Syriza et le parti de droite Grecs Indépendants (ANEL) devraient s’allier pour former une majorité au Parlement, selon les déclarations de Panos Kammenos, à l’issue d’une rencontre au siège de Syriza, ce lundi matin.

«Nous allons donner un vote de confiance au nouveau Premier ministre Alexis Tsipras» , a affirmé le dirigeant de cette petite formation souverainiste. Avec 4,75% des suffrages et 13 sièges, l’ANEL pourrait ainsi assurer au futur gouvernement du parti de gauche la majorité qui lui manquait, à deux sièges près. Une alliance de circonstances qui n’est pas exempte de contradictions.

Syriza et le Dupont-Aignan grec ? Depuis l’annonce de cette coalition, les réactions sont nombreuses, sur les plateaux de télévision comme les réseaux sociaux, et sont teintées d’ironie.

Que la gauche radicale, sortant d’une victoire éclatante, s’allie à ce parti souverainiste et conservateur peut laisser perplexe.

Créé en 2012 à la suite d’une scission au sein de Nouvelle démocratie, la formation du Premier ministre sortant Antonis Samaras, le parti des Grecs Indépendants est en effet réputé plus conservateur que ce dernier, notamment lorsqu’il s’agit de réprimer l’immigration illégale ou de défendre les liens entre l’État et l’Église orthodoxe…

Un allié de circonstance

En revanche, le parti de Panos Kammenos est, à l’instar de Syriza, fermement opposé aux contreparties imposées par l’Union Européenne, la BCE et le FMI. Question sociale pour Alexis Tsipras, principe de souveraineté selon Panos Kammenos, les arguments ne sont peut-être pas les mêmes, mais la ligne défendue est proche.

En s’alliant avec l’ANEL, Syriza affiche les priorités de son gouvernement : la lutte contre l’austérité et les négociations européennes sur la dette grecque, qui représente aujourd’hui 175% du produit intérieur brut du pays.

Le parti des Grecs Indépendants apparaît ainsi comme un allié de circonstance… avec lequel Syriza devra donc composer sur les questions de société.

Car à gauche, une alliance avec le parti communiste grec (5,4% des vois et 15 députés) semble peu probable, en dépit d’une même position anti-austérité, le KKE s’étant, jusqu’à présent, toujours opposé aux alliances de gouvernement.

Alexis Tsipras devait également rencontrer dans la journée les représentants de Potami, «La Rivière», une formation née lors des dernières élections européennes qui entre pour la première fois au parlement avec 6,03% des voix et 17 sièges. Plus proche de Syriza sur le plan sociétal, les positions pro-européennes de ce petit parti pourraient cependant entrer en contradiction avec les positions économiques de la gauche radicale.

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