Oublier le PS

L’appel « pour des chantiers de l’espoir » témoigne d’un virage stratégique à Europe écologie-Les Verts comme au Parti communiste.

Michel Soudais  • 8 janvier 2015 abonné·es

Ranimer la flamme. C’est l’objectif que s’assigne l’appel « pour des chantiers de l’espoir » lancé ce jeudi. Il s’agit en effet de tenter, d’ici à 2017, de rassembler tous les électeurs déçus de François Hollande « pour construire ensemble un autre chemin collectif » que celui qui a conduit « un Président élu avec la force de 17 millions de voix » à « tourner le dos aux exigences qui l’ont porté au pouvoir » .

Les initiateurs de cette démarche se recrutent dans un très large champ politique. On y trouve aussi bien les organisations du Front de gauche que la direction d’Europe écologie-Les Verts. Et parmi les quelque 150 premiers signataires, où les personnalités sont deux fois plus nombreuses que les représentants d’organisations politiques, on relève la présence de Françoise Castex et Philippe Marlière, de Pierre Khalfa, coprésident de la Fondation Copernic, d’Aurélie Trouvé, ex-présidente d’Attac, de Gus Massiah, Susan George, Frédéric Lebaron ou Jean Gadrey, ainsi que des syndicalistes Gérard Aschieri et Annick Coupé, mais aussi Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, Jean-Marc Canon , secrétaire général de la CGT-Fonction publique… Contrepartie de ce balayage « grand angle », le texte paraîtra un peu fade à certains, qui ne manqueront pas d’y déceler des manques, comme l’absence de dénonciation de l’austérité, le mot lui-même étant absent du texte. En rester là risquerait toutefois de manquer ce qui fait l’intérêt de la démarche. Ce n’est certes pas la première tentative de marier le social et l’écologie. Plusieurs appels par le passé, y compris à l’initiative de Politis, s’y sont déjà essayés. Jamais toutefois nous n’avions vu la direction des Verts et des dirigeants du PCF affirmer dans un même texte leur refus de « la logique libérale et productiviste », et leur volonté de se « mobiliser, ensemble, pour construire une alternative politique, sociale et écologiste ». Une alternative qui intègre « un autre partage des richesses et des ressources », reconnaît l’urgence d’une transition écologique, met au cœur de son projet « l’égalité entre les individus », et répond au chômage « sans attendre un hypothétique retour de la croissance » .

En outre, cette initiative entérine la fin d’une stratégie qui s’est révélée illusoire : imaginer qu’il était possible de peser sur le PS et d’influer sur les choix du gouvernement. De bonne foi, les écologistes y ont cru, ce qui les a conduits à participer au gouvernement sur la base d’un accord conclu avec le PS. Les communistes, de leur côté, ont longtemps entretenu l’illusion qu’il était possible, par la mobilisation ou par les urnes, d’obtenir un « changement de cap ». Les uns et les autres commencent à envisager un avenir pour la gauche sans se référer à ce grand frère perdu. Il était temps.

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