Plus jamais ça(mbadélis)

Partout les menées des « socialistes » ont dopé les droites radicales.

Sébastien Fontenelle  • 12 février 2015 abonné·es

M. Cambadélis, Jean-Christophe, premier secrétaire du Parti des « socialistes » à guillemets (PSDPD« S »ÀG), a donné l’autre jour, et en ces termes, son avis sur l’avenir des Hellènes : « Derrière Syriza, il peut y avoir le chaos et la montée vertigineuse d’Aube dorée » – le parti néonazi grec. Convenons-en, ce n’est pas faux du tout : il est en effet tout à fait possible que la Grèce, après le triomphe électoral de Syriza, connaisse des temps difficiles, effectivement marqués par une – nouvelle – progression de son extrême droite fasciste [^2].

Mais cet avenir catastrophique dont le PSDPD« S »ÀG semble vouloir se faire un gargarisme n’est pas non plus certain (du tout) : il se peut aussi que Syriza fasse à Athènes, et pour l’édification de l’Europe (liste non exhaustive), la démonstration qu’une autre politique est possible, assez nettement différente de celle, dédiée au gavage des nanti(e) s, à laquelle souscrivent depuis bien plus d’années que nous n’en pourrions compter sur les doigts de deux mains M. Cambadélis et ses ami(e)s. Ce qui est absolument sûr, en revanche – et très facilement documentable par la simple consultation de l’histoire récente de leur pays –, c’est que le (trèèès looong) règne des « socialistes » grec(que)s – homologues locaux de ceux dont nous subissons en France, depuis 2012, les incessants reniements – s’est bel et bien soldé, in fine, par une assez fulgurante « montée d’Aube dorée » (dont le terrifiant essor a, soit dit en passant, beaucoup moins incommodé les instances européennes et leurs fidèles journaleux thatchériens de compagnie que la récente victoire du parti d’Alexis Tsipras).

Itou, chez nous les Françousques : les trois premières années du règne présidentiel de M. Hollande, François, se sont soldées ce dimanche par un assez considérable succès – encore un – du parti pénique, auquel quelques centaines de voix à peine ont manqué pour remporter dans le Doubs la législative partielle où les votant(e)s étaient appelé(e)s à remplacer M. Moscovici, Pierre, parti chanter à Bruxelles, comme naguère à Bercy, les infinies vertus de l’économie pas trop régulée. En somme, partout les menées des « socialistes », caractérisées par une stricte allégeance aux marchés en même temps que par une excitation discrètement hypocrite de quelques phobies collectives – l’on pense ici à M. Valls, Manuel, dont le point de vue sur les Roms n’est au fond guère moins râpeux que celui de la Pen –, ont pour effet de doper les droites radicales.

Mais cela n’empêche nullement M. Cambadélis, qui apparaît ici en expert ès chantages au « vote utile », de considérer – sans rire – qu’ « entretenir le fantasme d’un “Syriza français”, en voulant affaiblir le Parti socialiste, ne provoquerait rien d’autre que la bérézina de la gauche française ». Et c’est bien essayé – mais nous, n’est-ce pas, nous savons que, dans l’urgence du combat contre l’extrême droite, les « socialistes » font partie du problème – pas de la solution. Et nous ne l’oublierons plus. Jamais.

[^2]: De la même façon, rien ne permet – par exemple – d’affirmer catégoriquement qu’une météorite ne va pas s’écraser sur Athènes dans la nuit du 7 au 25 avril prochains.

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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