Biodiversité : le triomphe de l’escargot parlementaire

Claude-Marie Vadrot  • 16 mars 2015 abonné·es
Biodiversité : le triomphe de l’escargot parlementaire
© Photo: JACQUES DEMARTHON / AFP

L’examen du projet de loi gouvernemental supposé améliorer la gestion de la biodiversité sur tout le territoire français, prévu pour le début, puis pour la fin de 2013, a enfin commencé le 16 mars à l’Assemblée nationale. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle ne passionne ni le gouvernement ni les parlementaires. D’autant plus que ces derniers, de droite ou de gauche, ne se cachent pas pour expliquer qu’il n’est pas nécessaire de voter un texte pour préserver le loup, l’ours et le lynx qui n’ont pas une bonne réputation chez les chasseurs et les agriculteurs. Lesquels représentent les deux plus puissants et efficaces groupes de pression auprès des députés et des sénateurs.
Les chasseurs portent d’ailleurs une lourde responsabilité dans le retard pris parce que, paradoxalement, ils se présentent toujours comme les meilleurs garants du maintien de biodiversité française. Laquelle n’est défendue, avec beaucoup de déboires et de reculs, que par les associations de protection de la nature et le Muséum national d’histoire naturelle qui s’efforcent, malgré le manque de moyens, de faire respecter la loi du 10 juillet 1976 qui a inventé la protection de la nature et d’un certain nombre d’espèces végétales et animales. Celle-là avait été votée à l’unanimité par les députés et les sénateurs. Ce qui n’a pas empêché la biodiversité de reculer…

La loi devrait notamment organiser la création d’une Agence nationale de la biodiversité chargée de regrouper et faire agir ensemble tous les organismes qui s’efforcent de protéger la biodiversité. Un organisme auquel les chasseurs ont refusé à l’avance de participer. Cette agence devra aussi examiner, ce qui fâche la FNSEA, tous les effets des engrais et des pesticides sur les cours d’eau, sur la faune et sur la flore. Ce qui devrait amener le ministère de l’Agriculture et celui d l’Ecologie, à prendre au sérieux la menace qu’un certain nombre de produits aujourd’hui en vente libre font peser sur les insectes pollinisateurs, sur les oiseaux, les poissons d’eau douce et de nombreux petits mammifères. Elle devra aussi, dans son état actuel, assurer la protection des haies dont la disparition continue. Elle a également pour objectif d’organiser une meilleure protection des zones humides qui disparaissent. Ce qui implique l’annulation de nombreux projets d’aménagements comme celui de Sivens, de l’Isère et de Notre-Dame des Landes. Sans oublier la renonciation à certains tracés de nouvelles autoroutes et de lignes à très grande vitesse. Des amendements sont déjà prêts pour éviter que les textes soient trop précis.

Au-delà de l’action des groupes de pression , et alors que le Grenelle de l’environnement de Sarkozy et la conférence annuelle sur la nature et l’environnement avaient insisté sur l’urgence d’un texte qui ne coûte pas cher, les parlementaires et le gouvernement ont en commun qu’ils se foutent « royalement » de l’état de la nature. Il y a donc lieu de craindre que la loi subisse des débats interminables, des navettes et des atermoiements qui ne laissent pas espérer que le texte le plus important sur la nature proposé depuis une quarantaine d’années ne soit pas adopté avant 2016…

Écologie
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