Numéro 23 sur la TNT : un bon filon pour gagner plus

A peine plus de deux ans après son lancement, la chaîne Numéro 23 change de propriétaires. Une revente spéculative en toute légalité !

Jean-Claude Renard  • 14 avril 2015 abonné·es

Pour une belle affaire, c’est une belle affaire ! Le groupe Next Radio, propriétaire de BFM TV et RMC vient d’acquérir la petite chaîne de la TNT Numéro 23 que Pascal Houzelot avait lancée en décembre 2012. Coût de la transaction : 90 millions d’euros. Pour le patron de la chaîne, qui avait acquis gratuitement la fréquence sur la TNT, c’est donc une belle opération. Une opération stupéfiante quand on sait que la chaîne compte cinq salariés (sans blague !) et un déficit de 10 millions d’euros pour 15 millions de chiffre d’affaires…

Numéro 23 ? Ça ne dit pas grand-chose au public. Elle attire en moyenne moins de 1% de téléspectateurs. Et pour cause : ses programmes versent plutôt dans la rediffusion de films, de séries, des émissions de télé-réalité et des magazines spectaculaires. Pas vraiment de parité, ni de diversité en termes d’origines culturelles ou sociales. Et loin des promesses engagées à sa création, puisque Pascal Houzelot avait obtenu l’acquisition de cette fréquence de la part CSA, sous l’étiquette de « la chaîne de la diversité », à la suite d’un appel à candidatures où s’étaient bousculés nombre de groupes médias.

Deux ans et demi après, la voilà déjà revendue. Non sans hasard sans doute quand on sait que la loi permet justement la revente d’une chaîne deux ans et demi après son lancement. De là à s’interroger sur un plan financier prévu dès le début… Les plus-values liées à la revente de ces chaînes étant taxées à hauteur de 5%, cela ne va guère rapporter à l’Etat. Mais, dans son droit, Pascal Houzelot profite ainsi des faiblesses de la loi. C’était déjà le cas pour le groupe Bolloré dans la revente de Direct 8 et Direct Star à Canal+. Dimanche 12 avril, sur France 5, Véronique Cayla, présidente d’Arte, ne cachait pas ses sentiments : « Les fréquences sont un espace public, je trouve choquant qu’on puisse faire des fortunes aussi rapidement. Il y a quelque chose qui me paraît immoral même si c’est légal. Dans le contexte économique actuel, c’est difficile à expliquer. » De quoi revoir assurément la loi. Les pistes ne manquent pas, comme instaurer une taxe à 20% ou interdire la revente spéculative d’une chaîne avant cinq ou six ans. L’un n’empêche pas l’autre.

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