Radio France : la Cour des comptes enfonce un clou libéral

Jean-Claude Renard  • 1 avril 2015 abonné·es
Radio France : la Cour des comptes enfonce un clou libéral
© Photo : Bertrand Guay/AFP

L’honorable Cour des comptes a donc rendu son rapport aujourd’hui (fuité hier, mais attendu depuis le 14 mars). Ou plutôt son verdict. Parce que ce rapport sur « les pistes d’une réforme », à partir du compte des exercices de Radio France, entre 2004 et 2013, et s’élargissant au-delà, est pour le moins sévère, dans ce qu’il pointe d’abord, mais surtout dans ce qu’il préconise : une ordonnance franchement libérale.

Ce que la Cour des comptes pointe d’abord  : une entreprise publique « confrontée à une situation financière critique, alors qu’elle doit faire face à des défis importants. 
Ces circonstances imposent à Radio France de mettre en œuvre une stratégie globale
 de changement, afin de rénover en profondeur ses activités et ses modes de gestion » . Le rapport donne le ton d’emblée : « La gestion de Radio France souffre de défaillances qui ne sont pas acceptables pour une entreprise de cette taille et doivent donc être corrigées. » Soit. Allons-y gaiement dans la prescription, après avoir cinglé un modèle social et un chantier de rénovation onéreux, en quelques points : « Statuer sur l’avenir du Mouv’, avant la signature du prochain contrat d’objectifs et de moyens ; fusionner les deux orchestres symphoniques de Radio France ; établir une direction commune 
à France Musique et à la direction de la musique ; réformer les modes d’organisation de la production ; fusionner les rédactions de France Inter, France Info et France Culture. » Pas moins !

Ces propositions, radicales, vont bien au-delà de celles avancées par Mathieu Gallet à sa tutelle pour redresser les comptes de la Maison ronde. À vrai dire, le ministère de la Culture ne pouvait pas espérer mieux qu’une taloche pareille. Fleur Pellerin a donc les coudées franches pour exiger beaucoup de Mathieu Gallet. Sur le volet des rédactions, celui-ci a déjà envoyé un mail aux salariés de son groupe, précisant que « la fusion des rédactions ne correspond pas à ma vision du pluralisme de l’information et de la complémentarité des antennes de Radio France » . Quid du reste ? Dans le match entre la direction, la tutelle et les salariés, cela promet d’être tendu. Déjà, le SNJ, jusque-là à l’écart du mouvement, et s’associant aux autres syndicats, a posé un préavis de grève pour ce vendredi 3 avril. Au quinzième jour de grève.

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