Séparation de corps annoncée

Une majorité de parlementaires écologistes, réunis samedi 4 avril, se préparent à prendre leurs distances avec le parti.

Patrick Piro  • 9 avril 2015 abonné·es

Vont-ils quitter Europe Écologie-Les Verts (EELV)pour fonder un nouveau parti ? Favorables à un retour au gouvernement, les députés Barbara Pompili, François de Rugy, Denis Baupin, Véronique Massonneau, François-Michel Lambert, Éric Alauzet, les sénateurs Jean-Vincent Placé, Leila Aïchi et Jean Desessard, entre autres, s’interrogeaient, le samedi 4 avril à l’Assemblée nationale, et devant 250 participants, sur la « responsabilité » des écologistes lors d’une conférence organisée par Repères écologistes, leur jeune club de réflexion. « Aucun départ au gouvernement annoncé, tout est bien qui finit bien », conclut un tweet ironique de la sénatrice Esther Benbassa (gauche d’EELV). D’ailleurs, aucun remaniement ministériel n’est à l’ordre du jour, et les offres de service d’un Jean-Vincent Placé, les plus ostensibles, restent théoriques.

Pour autant, ce n’est pas non plus « rien de nouveau sous le soleil », comme le commente Esther Benbassa. Le parti écologiste s’enfonce bien dans une crise, et les parlementaires entendaient marquer d’un pas supplémentaire, samedi, la constitution d’un pôle d’opposition à la ligne de Cécile Duflot, qui tire le parti vers une contestation stérile « à la Mélenchon », critiquent-ils. Cécile Duflot, qui se voit majoritaire au sein d’EELV, exclut tout accord avec Valls tant qu’il persiste dans sa politique – austérité et volonté écologiste défaillante. Est-ce « l’état de mort clinique » d’EELV, comme le considèrent Jean-Vincent Placé et François de Rugy, déplorant son incapacité à peser sur le gouvernement ? Pour autant, le scénario d’une explosion d’EELV ne servirait ni les candidats au divorce, qui n’embarqueraient sans doute qu’une poignée de militants dans un nouveau parti satellite du PS, ni François Hollande, qui verrait renforcée la probabilité d’une candidature de Cécile Duflot contre lui en 2017.

Quelle initiative, alors, pour ces écolos « pro-gouvernement » ? Plusieurs ont évoqué la constitution d’une « confédération ». Un texte a circulé avant la conférence, mais il a échoué à susciter une large adhésion. Les petits groupes écologistes – CAP 21 (Corinne Lepage), MEI (Antoine Waechter) ou Génération écologie (Yves Pietrasanta) – « montrent de l’intérêt, mais chacun joue sa petite musique », constate Jean-Luc Bennahmias. Ex-Vert, ex-MoDem, lui se trouve actuellement en pivot d’une manœuvre de soutien à François Hollande pour la présidentielle de 2017. Fondateur en 2014 du Front démocrate (centre gauche), il invite samedi 11 avril – même date que les Chantiers d’espoir (EELV, PCF, Parti de gauche, Ensemble !, etc.) – à une convention avec le petit Mouvement des progressistes de Robert Hue. Dans l’espoir de créer un point d’ancrage pour des transfuges d’EELV ? « Une demi-douzaine de députés sont prêts à y aller de façon coordonnée », affirme Jean-Luc Bennahmias. Réaliste, il ne les voit cependant pas larguer formellement les amarres, mais afficher une double appartenance. Le risque le plus dévastateur pour EELV, où la secrétaire nationale, Emmanuelle Cosse, ne parvient plus à tenir deux bouts qui assument de plus en plus leurs divergences, serait la constitution d’un nouveau groupe parlementaire avec la fraction dissidente des députés écologistes.

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