Sylvie Blocher, artiste (« À flux détendu »)

Sylvie Blocher, dont l’œuvre rayonne à l’étranger, ne compte pas parmi les artistes contemporains les plus connus en France

Christophe Kantcheff  • 2 avril 2015
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Sylvie Blocher, artiste (« À flux détendu »)

On n’est pas toujours prophète en son pays. Sylvie Blocher, dont l’œuvre rayonne à l’étranger, ne compte pas parmi les artistes contemporains les plus connus en France, où elle n’a pas été la plus désirée. Dommage, parce que l’artiste est tout sauf anodine. J’en veux pour preuve le livre d’entretiens recueillis par Maud Benayoun, le Double touché-e (Archibooks, 256 p., 15 euros), qui paraît ces jours-ci. Une autre manière, pas la plus mauvaise, de faire sa connaissance. Exemple : « M’intéresser à l’altérité, c’était faire face au monde qui m’entourait en proie à l’uniformité, aux bruits communicationnels, aux rêves fabriqués du grand marché de la consommation  […]. Le capitalisme à vitesse forcée devenait follement désirable et je devenais follement unique grâce à Nike ! Mon pays rejoignait définitivement le camp d’un libéralisme économique excluant, pratiquant la globalisation tout en la niant, poussant à l’ouverture tout en prônant le repli sur soi, baignant dans la mort de l’art tout en pratiquant le réenchantement. » En même temps qu’elle retrace son parcours de vidéaste, qu’elle livre des anecdotes frappantes – la manière dont son grand-père adoré lui a révélé les crimes nazis, l’âpre rencontre avec l’actrice Angela Winkler… –, Sylvie Blocher explique les soubassements théoriques et politiques de son travail, inextricablement liés à l’esthétique qu’elle déploie. Elle parle de son féminisme, de l’émotion comme une « langue inconnue » qui surgit de nous, du combat nécessaire contre la « normalisation de l’imaginaire ». Sylvie Blocher est une artiste du déplacement transgressif, qui cherche à « ébranler le rapport inconscient à l’autorité ». Toute son œuvre est tournée vers l’émancipation. Lors de sa dernière exposition, au Mudam Luxembourg, elle a réalisé un film qui a pour titre : S’inventer autrement. Beau programme.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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