L’Asie du Sud-Est refoule les bateaux de migrants

Julia Gualtieri  • 15 mai 2015 abonné·es
L’Asie du Sud-Est refoule les bateaux de migrants
Migrants Rohingya sur un bateau à la dérive dans les eaux thaïlandaises de la mer d'Andaman, le 14 mai 2015. A LIRE >> Rohingyas : d’un cauchemar à l’autre. Le photographe de l'AFP y raconte les circonstances dans lesquelles il a pris cette photo et d'autres au moins aussi terrifiantes. Un témoignage poignant.
© AFP PHOTO / Christophe ARCHAMBAULT

Des centaines de réfugiés dérivent en mer d’Andaman , dans le Nord-Est de l’océan Indien, entassés dans des bateaux de fortune depuis plusieurs jours. Et, sans changement de politique de la part des pays voisins, leur périple désespéré risque de continuer. Ces migrants, Rohingyas pour la plupart, une minorité musulmane originaire de Birmanie et du Bangladesh considérée comme l’une des plus persécutées au monde par l’ONU, espèrent rejoindre la Malaisie ou l’Indonésie.

Mais ces deux pays n’en veulent pas. Mercredi 13 mai, la Malaisie a ainsi annoncé que sa marine nationale refoulerait les embarcations en dehors de ses frontières maritimes, sauf en cas de naufrage imminent.
« La politique a toujours été de les escorter en dehors des eaux malaisiennes après leur avoir donné les provisions nécessaires » , a déclaré un amiral de la marine malaisienne à l’AFP.
L’Indonésie agit de même et le pays a aujourd’hui refusé l’accès de ses eaux territoriales à l’un de ces bateaux transportant près de 400 personnes. Ces migrants en perdition ne sont « pas le problème de Jakarta » , ont commenté les autorités.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon , se dit alarmé et « exhorte les gouvernements à veiller à ce que l’obligation de sauvetage en mer soit respectée et que l’interdiction du refoulement soit maintenue » .

Près de 2 000 Rohingyas ont débarqué sur les rivages de la Malaisie et de l’Indonésie depuis une semaine. Une partie d’entre eux l’ont fait à la nage, épuisés et affamés. Selon le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies, quelque 25 000 Rohingyas et Bangladais auraient pris la mer entre janvier et mars de cette année – deux fois plus que l’année dernière à la même période. L’augmentation des départs serait due à la fois à la persistance des violences et des discriminations et au durcissement de la répression exercée par la Thaïlande sur les passeurs qui faisaient jusqu’à présent transiter les candidats à l’exil par le sud du pays.
« Les marines thaïlandaise, malaisienne et indonésienne devraient cesser de jouer ce ping-pong humain, et devraient au contraire travailler ensemble pour sauver tous ceux qui sont sur ces funestes bateaux » , a déclaré Phil Robertson, directeur adjoint en Asie de Human Rights Watch.

Un sommet régional devrait se tenir le 29 mai à Bangkok avec des représentants de 15 pays, dont l’Australie, l’Indonésie, la Malaisie, le Cambodge, le Laos, la Birmanie, le Vietnam, le Bangladesh ainsi que les États-Unis.

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