L’enracinement des obsessions

Des complicités ont permis au parti de la Pen de socler dans l’époque la « dénonciation de l’immigration ».

Sébastien Fontenelle  • 16 septembre 2015 abonné·es

L’autre jour – je te parle de ça, ** ç’a déjà quelques jours –, le Monde a publié, après que la cheffe du parti pénique venait encore d’excréter une odoriférante profération anti-réfugié(e)s, un éditorial consacré aux, je cite : « Détestables obsessions de Marine Le Pen ». Son auteur(e) (anonyme, comme il est coutume dans ce journal « de référence ») narrait – tention, je vais faire une citation un peu longue – que : « Depuis 40 ans  […], le nationalisme xénophobe est le ressort fondamental du FN. Sur fond de crise économique et de chômage, la dénonciation de l’immigration lui a permis d’installer, puis d’imposer ce thème dans l’espace public. Tout le reste en découle, pour l’essentiel : l’image, sans cesse rappelée, de l’étranger qui vient prendre le travail des Français, la menace, sans cesse agitée, d’une altération de l’identité du peuple français, la défense de cette identité mythifiée, l’impératif catégorique de se protéger contre cette “invasion”  […]  »

Bravo, le Monde : tout ça est parfaitement exact. Mais en même temps : gravement incomplet. Car il manque à cette considération, pour qu’elle soit complètement exhaustive, la mention des complicités qui ont effectivement permis au parti de la Pen de socler dans l’époque « la dénonciation de l’immigration » –  et les divagations identitaires qui « découle (nt)  », de fait, de tels prolégomènes [^2]. Par exemple : celle des « intellectuel(le)s » (comme on les appelle un peu abusivement chez la presse comme il faut) qui, depuis une (très grosse) dizaine d’années, vont meuglant, après avoir mesuré qu’un tel créneau leur assurait quelques durables sinécures, qu’on n’est plus cheux nous, m’sieur Dupont, depuis que des quidams d’apparence musulmane (liste non exhaustive) poussent l’effronterie jusqu’à planter leurs djellabas (tout aussi bien que leurs voiles) devant nos élevages de coqs [^3]. Genre : Alain Finkielkraut.

Puis également : celles des politicien(ne)s qui se targuent, comme a fait le candidat « socialiste » Françoizollande avant la dernière élection présidentielle, d’avoir « opéré un net glissement idéologique sur le terrain de l’immigration », pour considérer finalement, et à l’unisson du FN, qu’il y a sur notre und vieille patrie, « trop d’immigrés en situation irrégulière ». Puis enfin – et surtout : celle des journaleux qui, jamais en retard d’une complaisance de niveau 49 sur l’échelle de Malsain [^4], relaient fidèlement ces infâmes borborygmes… Et continuent de considérer que celles et ceux qui les scandent méritent d’être valorisé(e)s en solides témoins de leur temps – non sans contribuer, par la confection régulière d’entretiens « décomplexés » ou de couvertures désinhibées sur l’ « islam sans gêne » , à l’enracinement de quelques « détestables obsessions »

[^2]: T’avions-je déjà dit que j’adore ce mot, et que je bondis de joie quand j’arrive à le caser quelque part ?

[^3]: Message personnel, 1 : merci, mon enfant.

[^4]: Message personnel, 2 : que serais-je sans toi ?

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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