Bientôt une protection pour les déplacés environnementaux?

Sasha Mitchell  • 21 octobre 2015 abonné·es
Bientôt une protection pour les déplacés environnementaux?
© Photo:AFP PHOTO/JEWEL SAMAD

C’est le souhait d’Esther Benbassa , sénatrice EELV du Val-de-Marne qui, à un peu plus d’un mois de l’ouverture de la COP 21, a présenté mardi 20 octobre une proposition de résolution visant à la reconnaissance dans les conventions internationales du statut de « déplacé environnemental ». « En 2013, 26 millions de personnes ont dû quitté leur lieu de vie à cause de phénomènes climatiques» , a-t-elle souligné devant la presse, citant des chiffres de l’agenda Nansen.

Dans le droit international, le concept de déplacé environnemental n’existe pas. Les personnes quittant leurs terres à cause de catastrophes naturelles ou de dégradations plus lentes et non moins irrémédiables de l’environnement ne bénéficient d’aucune protection juridique. La lenteur des États à agir sur cette question s’explique en premier lieu par le fait que « nous vivons dans une époque de limitation des flux migratoires dans les pays du Nord » , a analysé Chloé Vlassopoulos, spécialiste de la question à l’Université de Picardie et présente aux côtés de la sénatrice. « Ensuite, il existe une imprécision autour de la définition de « déplacé environnemental ». Qui l’est ? A quel moment ? »

Alors que certains chercheurs militent pour l’utilisation du terme « réfugié », arguant que le changement climatique constitue une forme de « persécution » comme une autre, Esther Benbassa a opté pour le mot « déplacé », qui reflète selon elle davantage la réalité. « Aujourd’hui, beaucoup ont peur de l’arrivée massive de réfugiés, mais les déplacés environnementaux ne viennent pas jusqu’en Europe, et restent pour la grande majorité dans leur région d’origine » , a expliqué la sénatrice.

« Le manque de volonté politique est manifeste, a-t-elle conclu. Les responsables politiques doivent reconnaître qu’il existe un lien entre environnement dégradé et migrations. » Cette résolution pourrait contribuer à donner davantage de visibilité à ces « grands oubliés du changement climatique » lors de la COP 21.

  • Ajout jeudi 22 octobre : Discutée au Sénat le 21 octobre, la résolution a été adoptée à l’unanimité.

Écologie
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